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profondeurs d’un organisme ou sous la coque d’un œuf. La généagénèse se montre en dernier lieu ; mais, ramenée dans son essence à un fait d’accroissement et d’individualisation progressive, elle rentre par cela même dans les deux autres phénomènes. Ainsi nous pouvons répéter en toute assurance ce que nous disions au début de ce travail : la transformation, la métamorphose et la généagénèse ne sont que trois formes d’un seul et même fait entraînant les mêmes conséquences, aboutissant au même résultat.

Faire d’un germe rudimentaire un individu complet, tel est le but, telle est la fin de tous ces changemens de formes et de proportions. Il suit de là que la métamorphose en général est essentiellement progressive, qu’elle tend sans cesse à perfectionner quelque chose. Sans doute pour arriver à l’essentiel elle sacrifie souvent l’accessoire, et dans le développement récurrent de certaines espèces, ces sacrifices peuvent paraître excessifs. Pourtant là plus qu’ailleurs peut-être apparaît la vérité générale que nous venons d’exprimer. Dans un Iernée par exemple, le corps entier se déforme et s’atrophie au profit d’un seul appareil, mais cet appareil est celui qui a pour fonction de perpétuer l’espèce ; il est dès-lors le plus important, et dès qu’il entre en jeu, il absorbe pour ainsi dire tous les autres, par cela seul sans doute que l’animal ne peut suffire à l’entretien de tous.

À part les exceptions apparentes qui rentrent dans le cas précédent, le caractère de la métamorphose apparaît partout d’une manière éclatante. Qu’un animal à simples transformations s’arrête à un degré quelconque de son développement, et une monstruosité naît du fait seul de cet arrêt. Quant aux espèces à métamorphoses proprement dites et à généagénèse, leurs larves, leurs scolex ne sont jamais que des êtres incomplets, de véritables ébauches qui se perfectionnent à chaque phase, à chaque évolution nouvelle, jusqu’au moment où reparaît le type primitif.

La métamorphose, simple transformation dans les êtres les plus parfaits, se complique à mesure que l’on se rapproche davantage des rangs inférieurs du règne animal. La métamorphose proprement dite ne se montre chez les vertébrés que comme un fait exceptionnel et propre aux batraciens. Elle est presque générale dans les autres embranchemens, et là encore elle est d’autant plus complète que l’on est descendu plus bas. Il y a une différence énorme entre la chenille, larve d’un papillon, et le petit être cilié, larve d’une hermelle. La première est un animal très compliqué, jouissant de fonctions étendues ; le second n’est pour ainsi dire qu’un vitellus revêtu de son blastoderme et hérissé de cils natatoires. C’est que la chenille appartient à un représentant supérieur, la larve ciliée à un représentant inférieur du même type. La généagénèse obéit à la même loi :