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agames et justifie l’existence des cycles qui ramènent la reproduction par œufs ; enfin elle distingue nettement les phénomènes qui nous occupent aujourd’hui de ceux de la métamorphose, tout en conservant entre ces deux ordres de faits les relations qui les unissent et que l’on ne saurait nier. Dans l’ensemble comme dans les détails, elle semble donc présenter tous les caractères de la vérité.


VI. – DE LA GENEAGENESE CHEZ LES VEGETAUX. – RAPPORTS ENTRE LE REGNE ANIMAL ET LE REGNE VEGETAL.

L’ensemble des faits résumés dans cette étude a conduit à des résultats d’une haute importance pour la physiologie générale. Un des plus remarquables, à coup sûr, a été de rapprocher chaque jour d’avantage le règne animal et le règne végétal, de faire disparaître quelques-unes des plus larges lacunes que les anciens croyaient exister entre les deux grandes divisions des êtres vivons. Depuis Peyssonel jusque MM. Steenstrup et Owen ; presque tous les naturalistes livrés à ces curieuses études ont à l’envi signalé cette conséquence. Nous-même, à diverses reprises, nous avons insisté sur ce point. En faisant connaître aux lecteurs de la Revue les travaux : de M. Dujardini nous avons indiqué la ressemblance extrême que présentaient les faits observés chez les méduses par le zoologiste de Rennes avec ceux qu’avait révélés à M. Dutrochet l’étude des champignons. Nous avons montré comment le mode de reproduction établissait des rapports fort inattendus entre les vers de nos rivages et les arbres de nos forêts, entre les syllis que nous venions d’observer à Bréhat et les dattiers cultivés par l’habitant des oasis[1]. À mesure que les recherches se sont multipliées, ces rapports sont devenus plus frappans et plus généraux. Aujourd’hui, on peut hardiment dire que, partout où intervient la généagénèsei, il s’établit entre les deux règnes non pas seulement quelques-unes de ces analogies qui, pour être suivies, exigent un certain effort d’esprit, mais bien une similitude évidente, parfois presque une identité.

Pour ne pas être taxé d’exagération, il nous faut entrer ici dans quelques détails, et nous rendre bien compte de ce que sont une plante, un arbre ; mais, pour en arriver là, il faut d’abord savoir ce qu’est l’individu, soit dans le règne animal soit dans le règne végétal.

Il ne saurait y avoir de doute à cet égard, quand nous parlons d’un homme, d’un pigeon, d’une grenouille. Chacun de ces mots représente

  1. Souvenirs d’un Naturaliste, Revue des Deux Mondes, 15 février 1846.