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Les officiers américains mesurèrent la hauteur des cols par où l’on peut franchir les deux chaînes principales. Les plus favorables ne peuvent être traversés qu’à l’aide de tunnels. Cette partie de leurs études a donné des résultats très peu satisfaisans, mais il faut ajouter qu’elles sont loin d’être complètes, et qu’il y a sans doute d’autres passages qu’ils n’ont pas eu le temps d’examiner.

Au-delà des Montagnes-Rocheuses s’étendent les plaines de la Colombie, et il ne reste plus, pour arriver au Pacifique, qu’à franchir la chaîne Cascade. Les officiels américains allèrent y explorer deux passages, mais ils s’assurèrent que le meilleur de tous était celui que suit la Colombie elle-même. On n’a pas l’intention de faire aboutir le chemin de fer étudié par M. Stevens jusqu’à l’embouchure du fleuve, bien que la Colombie soit navigable sur une très grande longueur, parce que le banc qui en encombre l’entrée y rend la navigation incertaine et dangereuse. La ligne proposée part du fort Vancouver, et, à travers de belles et fertiles contrées, va aboutir à l’excellent port de Puget’s-Sound, situé tout près de l’île Vancouver.

L’établissement d’un chemin de fer dans les territoires d’Orégon et de Washington ne présente quelques difficultés que sur une très petite étendue, — le long de la Colombie. Le seul obstacle sérieux dans ce trajet est donc le passage du massif des Montagnes-Rocheuses, et les nouvelles reconnaissances auxquelles on se livre en ce moment même parviendront sans doute à l’atténuer. Sur tout le parcours, il sera possible de se procurer l’eau et le bois nécessaires à la construction de la voie; l’immense bassin houiller du Mississipi, celui de Vancouver, les forêts des Montagnes-Rocheuses fourniront du combustible en abondance, si même on ne peut utiliser les cotonniers qui croissent encore dans les parties les plus arides de la route. S’il y a de grandes difficultés dans la construction du chemin, on peut dire qu’il n’y en aurait aucune dans l’exploitation même.

En dehors de ces questions techniques, il faut examiner si ce tracé satisfait à d’autres exigences auxquelles il ne faut pas hésiter à donner plus d’importance encore. Est-il possible d’attirer l’émigration sur une partie au moins de ce parcours, et quelques points privilégiés peuvent-ils y devenir des centres de population? A l’une des extrémités du chemin, les belles vallées de l’Orégon, à l’autre les riches prairies du Minnesota et les bords du Lac-Supérieur, commencent dès à présent à se peupler; mais l’immense région intermédiaire ne se prêterait sans doute à la culture que le long de quelques vallées. Les Montagnes-Rocheuses sont bordées, sur les deux versans, par une ceinture fertile; mais au-delà s’étendent, sur le côté oriental, d’immenses plaines qui présentent l’aspect d’un désert. Voici comment les officiers américains le dépeignent : « Le sol