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des questions d’une importance si grande et si manifeste, et qui appellent, je devrais plutôt dire qui commandent si hautement l’attention de la chambre, que toute préface, tout artifice de rhétorique pour mettre en lumière leur grandeur et le devoir du plus patient examen, sont superflus et déplacés. Je soumettrai donc sans préambule à la chambre une question qui touche à toutes les questions, à toutes les affaires dans lesquelles la monnaie entre pour quelque chose. Il n’y a point de contrat, public ou privé, point d’engagement, national ou individuel, qui n’en soit affecté. Les entreprises du commerce, les profits de l’industrie, les arrangemens dans les relations domestiques, les salaires du travail, les transactions pécuniaires les plus considérables comme les moindres, le paiement de la dette nationale, les moyens de pourvoir aux dépenses publiques, le pouvoir de la plus petite pièce de monnaie sur les nécessités de la vie, tous ces faits sont engagés dans la décision que vous prendrez sur les propositions que j’ai à vous soumettre. » Après cet exorde et contre sa coutume, je dirai même contre la coutume générale du parlement anglais, il ne s’arrêta point à retracer les circonstances qui rendaient ses mesures nécessaires ; tenant cette nécessité pour reconnue et acceptée de tous, il entra sur-le-champ dans une savante exposition des principes généraux du sujet, et après avoir longuement discuté les divers systèmes des publicistes financiers : « J’ai établi, dit-il, sur la mesure de la valeur, sur l’emploi et la circulation des métaux comme monnaie, et sur les billets portant promesse de paiement à vue en espèces métalliques, les grands principes qui, selon moi, doivent régir ces trois grands élémens de notre système monétaire. J’ai maintenant à indiquer jusqu’à quel point je me propose d’appliquer ces principes. Si je ne les applique pas immédiatement dans toute leur étendue, on me dira, comme on me l’a déjà dit, que je pose abstraitement de très bonnes maximes, mais que pratiquement je crains de les mettre en vigueur. Je n’en persiste pas moins à penser, comme je l’ai déjà exprimé, qu’il importe infiniment que les hommes publics reconnaissent les grands principes par lesquels les grandes mesures de gouvernement doivent être réglées. J’aime mieux qu’on me dise : — Vous restez dans l’application bien loin des excellens principes admis par vous-même, — que si l’on me disait : — Vous avez dissimulé ou perverti les principes pour vous justifier de ne les appliquer qu’incomplètement… — Tout ce que je puis promettre, c’est que je ne proposerai aucune mesure pratique qui soit en désaccord avec les principes que j’ai établis, aucune qui ne tende à les faire définitivement prévaloir. Mais quand on voit combien il est aisé, par une législation imprudente, de jeter des terreurs paniques ou une confusion déplorable