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au-dessus de lui sans en connaître l’étendue, que M. Liais nous montre dans son ensemble et qu’il suit dans ses mouvemens. L’océan atmosphérique a donc ses vagues ; elles couvrent presque tout le globe ; elles se déplacent dans une direction régulière comme celles de la mer. L’onde que nous venons d’étudier se transporte de l’occident à l’orient, traverse l’Europe tout entière, et met quatre jours pour aller de Londres à la Mer-Noire. Tout en la suivant dans son mouvement général de propagation, nous découvrons déjà, sur la surface des continens, des causes : locales qui la déforment et la ralentissent. Pendant qu’elle franchit, du 12 à midi au 13 à minuit, la surface plane et basse qui s’étend au nord, des côtes de l’Angleterre à l’embouchure de l’Oder, elle traverse à peine au midi la largeur de la France, et s’arrête pendant longtemps sur le contour des Alpes, qui lui opposent comme une barrière qu’elle hésite à franchir, et qui en diminuent notablement la hauteur. Au bout de vingt-quatre heures de lutte, les Alpes sont cependant traversées ; mais alors se présentent les montagnes du Tyrol, puis les Krapacks et les Balkans, et la vague, qui avait été de plus en plus retardée et abaissée par ces obstacles naturels, se relève et s’accélère en passant sur la Mer-Noire.

J’ai peur que l’on ne confonde cette vague avec les effets des vents qui transportent l’air d’un lieu à un autre, et qu’on ne voie dans ce phénomène un ouragan qui aurait poussé l’atmosphère de l’ouest vers l’est. Rien de pareil ne se produisait, pas plus qu’on ne remarque aucun effet semblable dans les vagues de la mer. Celles-ci sont produites par un soulèvement momentané de la surface de l’eau sur les points qu’elles parcourent, mais le liquide n’est pas entraîné avec elles. Quand elles rencontrent un navire, elles le soulèvent, mais elles ne le déplacent pas, et si même on se représente une rivière qui coule rapidement, on se rappellera y avoir vu des vagues dont les unes remontaient le courant pendant que d’autres le suivaient, se montrant ainsi tout à fait indépendantes des mouvemens de progression que les eaux possèdent. Or entre les liquides et l’air l’analogie est complète ; notre vague atmosphérique traversa des contrées où les vents soufflaient dans des directions tout à fait différentes, et ils n’ont opposé à sa formation ou à son mouvement aucun obstacle appréciable. Tous les enfans s’amusent à placer sur le sol une longue corde, dont ils tiennent le bout à la main ; quand ils le soulèvent pour l’abaisser ensuite brusquement, ils voient toute la corde se mettre successivement en action et une espèce d’arceau se former comme un repli de serpent qui se meut de lui-même et par court la corde tout entière. Cet arceau, ce repli est une image fidèle de la vague atmosphérique.

Les documens reçus à l’Observatoire, outre l’état barométrique, fournissaient encore les élémens nécessaires pour reconstituer toutes