Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/373

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On a vu en effet qu’aux deux époques de crise de l’Autriche, la banque avait eu pour premier soin de pourvoir à la dépréciation du papier-monnaie et de le retirer de la circulation. La dette contractée de ce chef par le gouvernement ne s’élève plus qu’à 60 millions de florins pour la première émission de papier remboursé à l’aide d’annuités, et à 24 pour la seconde à recevoir sur les versemens de l’emprunt national. Il est vrai que l’état a contracté envers la banque une nouvelle dette de 155 millions de florins, en raison des avances qui ont dû être faites pour subvenir aux besoins de la guerre et au déficit du budget. Pour couvrir la banque nationale de cette avance énorme que le trésor était incapable de rembourser, le ministre des finances proposa d’abandonner à titre de gage une partie des domaines de l’empire jusqu’à concurrence de 155 millions de florins. Le gouvernement transféra donc à la banque, avec toutes les pré cautions suffisantes, la propriété de ses domaines : il lui en abandonna l’administration, il en autorisa la vente ; mais il introduisit dans le contrat deux clauses qui en amoindrissent singulièrement l’effet. Ainsi la vente des domaines ne peut avoir lieu sans que le gouvernement en fixe l’opportunité, et jusqu’à ce jour il a décliné toutes les offres faites ; ainsi encore le revenu des domaines sert à amortir le capital de la dette sans que l’état paie à la banque aucun intérêt. Quoi qu’il en soit, cette mesure, dont la réalisation peut être prochaine, grâce au projet de fondation d’une société de crédit immobilier qui semble créée tout exprès pour l’acquisition de ces domaines, — cette mesure est dès ce moment marquée par de très heureux résultats. Elle a certainement contribué à relever le cours du papier » dont le change, qui avait été de 150 florins contre 300 francs de notre monnaie, est aujourd’hui seulement de 119[1].

  1. Le cours au pair du florin est de 117 florins contre 300 fr. Le florin vaut par conséquent à peu près 2 fr. 58 centimes de notre monnaie. On s’occupe beaucoup en ce moment de résoudre cette question si importante de l’unité de monnaie, non-seulement en vue de l’Allemagne, mais par rapport aux états étrangers et surtout à la France. Une commission qui siège à Vienne a adopté en principe la création de florins valant 2 fr. 50 cent.3 chiffre que j’ai admis dans tous mes calculs. L’ancien florin autrichien représentait la 20e partie d’un marc d’argent fin de Cologne, il n’en serait plus que la 21e. Par cette nouvelle proportion, rien ne serait plus facile que d’établir le change entre le florin d’Autriche à 2 fr. 50 et le thaler de Prusse, qui vaut 3 fr. 75 cent, et qui est la 14e partie du marc. Il est à remarquer que cette réforme de la monnaie autrichienne, à laquelle la reprise des paiemens en espèces peut donner une grande opportunité, établirait entre elle et la monnaie française des rapports plus intimes, qu’entre celle-ci et la monnaie prussienne, et il est à regretter que la Prusse, n’ait point cru devoir adopter un système plus conforme au régime décimal, appelé à prévaloir dans le monde entier. Pour toute cette importante question du régime des monnaies en Allemagne, on peut consulter un écrit de M. Karl von Mayer, un des écrivains les plus distingués de la presse de Vienne.