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ainsi échangés contre des billets de banque. Pour couvrir la banque de ses avances, l’état lui abandonna une partie du produit des emprunts nouveaux, et put dès l’année dernière réduire cette dette de 143 millions de florins ; mais à la même époque, et pour subvenir à d’autres besoins non moins urgens, l’état se trouvait encore débiteur envers la banque d’une nouvelle somme de 155 millions de florins, soit 387 millions de francs.

En quelle triste situation se trouvaient en ce moment les finances autrichiennes ! De 1851 à 1854, par souscription volontaire à l’intérieur ou à l’extérieur, le gouvernement avait emprunté 250 millions de florins ; Le 20 juillet de l’année 1854, un emprunt national de 500 millions de florins venait d’être contracté ; mais c’était là un expédient extrême, et qui n’en permettait plus d’autres puisque pour obtenir la souscription de cet emprunt, on avait dû recourir à certaines mesures de pression qui lui donnaient quelques-uns des caractères de l’emprunt forcé. Et lorsque nul recours à la banque, déjà si fort à découvert, ne semblait possible, non plus qu’au crédit intérieur violenté, ou au crédit extérieur, auquel on n’osait plus s’adresser, les conférences de Vienne venaient de se rompre, et la guerre paraissait devoir prendre de nouvelles et plus grandes proportions ! Ce fut alors que le gouvernement se vit contraint de licencier des forces considérables, infanterie et cavalerie, de vendre une partie des chevaux de service, de désarmer en un mot au moment où l’action était imminente. Ce fut alors aussi que le ministre des finances, dont les pressans conseils avaient eu à cet égard une influence décisive, proposa diverses mesures destinées à régler les embarras passés et à conjurer ceux de l’avenir. Ceux-ci n’étaient pas en effet les moins grands : le déficit du budget pour 1856 eût été égal à ceux des années précédentes, sinon supérieur, car, quoique réduite ; l’armée nécessitait encore des sacrifices dont le fardeau n’était plus supportable. Fort à propos pour l’Autriche, la paix est venue lui permettre de rentrer dans une voie plus régulière, et donner plus de chances de succès aux mesures financières qu’il nous reste à examiner ; mais la paix fera-t-elle disparaître du budget autrichien le déficit qui en est le mal chronique ? C’est ce qu’il n’est point permis de croire, et ce à quoi dans tous les plans ministériels on ne paraît point avoir suffisamment songé.

Quant à l’exercice 1856, il est hors de doute que les conséquences de la guerre s’y feront également sentir. L’armée, tout en ne montant plus, comme en 1855, au chiffre de 700,000 hommes, présente toujours un chiffre notablement supérieur à l’effectif normal ; mais, en admettant même que les questions extérieures encore pendantes permettent de réduire dans un délai très court l’armée au pied de paix, que l’Italie ne nécessite point des précautions, ou, ce qui serait préférable,