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qui renaissait. De là cette fermentation permanente qui s’est traduite à diverses reprises en soulèvement dont les principaux sont ceux de 1831 et de 1843. Fruit du mécontentement causé par la disparition d’un régime civil bienfaisant, alimentée d’ailleurs par les souvenirs par des causes locales, par des habitudes de vie distincte, la révolution s’est cantonnée dans la Romagne, d’où elle a quelquefois menacé Rome, ému l’Italie, pour ramener toujours les Autrichiens à Bologne ; L’Autriche rentrait, il y a sept ans, dans les Légations, où elle est encore, tandis qu’une armée française allait étouffer dans son foyer cette éphémère république romaine qui ne pouvait rien fonder, mais qui avait le pouvoir de tout ébranler, et de rendre le bien lui-même difficile après elle.

La véritable situation des états pontificaux trouve son expression dans ce fait d’une double occupation étrangère qui a presque acquis le caractère de la permanence, et que les gouvernemens cependant voudraient faire cesser ; mais, pour y arriver, c’est la situation même qu’il faudrait changer, en l’améliorant, en y introduisant des élémens de bien-être pour les populations, des élémens de force pour le gouvernement du saint-siège. Par quels moyens atteindra-t-on ce but ? sera-ce par des réformes politiques portant sur la nature du pouvoir et sur la manière de l’exercer ? C’est là, à vrai dire, la question de la souveraineté temporelle du pape. Si les réformes politiques ont toujours quelque chose de séduisant, si elles sont partout désirables et utiles, il ne faut point se dissimuler qu’elles rencontrent des difficultés particulières à Rome. Le règne même de Pie IX en est le plus éclatant exemple. Ce règne a commencé sous les plus généreux auspices, avec ces deux mots : amnistie et réforme ! « Nous aurons l’amnistie et les chemins de fer, et tout ira bien, » disait naïvement le saint-père à l’époque de son exaltation ; moins de deux ans après, il donnait une charte. Ce n’est point que la bonne volonté ait manqué à Pie IX, ce n’est point que l’amour du peuple ait été absent de ce cœur de pontife, et cependant tout a échoué. Lorsque l’illustre Rossi, après avoir usé les deux derniers mois de sa vie à tenter le bien par des prodiges d’activité, lorsque cet homme énergique et in fortuné tombait sanglant sur les marches du premier parlement ou vert à Rome, quelle voix s’élevait contre le crime dans ce parlement ? quelle main se présentait pour retenir ce gouvernement constitutionnel qui glissait dans le sang ? Il faudrait être bien sûr de soi pour proposer comme un remède le renouvellement d’une telle histoire où deux choses sont inscrites, — la faiblesse des mœurs politiques dans les États-Romains et la puissance corruptrice de la révolution.

Au surplus, indépendamment de cette tragique expérience, c’est