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d’abord passé par les divers états dont nous avons parlé en premier lieu, voici quelles seraient les phases parcourues par une trichode. L’œuf ou germe produirait une monade, laquelle se transformerait en actinophrys, qui deviendrait un acinète, bientôt changé en vorticelle. De celle-ci sortirait l’oxytrique, qui se métamorphoserait d’abord en loxode, puis en trichode. Ayant d’arriver à ce dernier état, l’infusoire dont nous avons esquissé l’histoire aurait tour à tour été rangé dans sept genres différens, décrit sous une dizaine de noms, et pourtant le cercle de ses transformations n’est peut-être pas épuisé, car M. Haime n’a pu découvrir dans la trichode lyncée les corps reproducteurs, pour ne pas dire les œufs, qu’il a si nettement vus dans d’autres espèces. N’oublions pas que sous toutes ces formes l’infusoire dont nous venons d’esquisser l’histoire peut se multiplier par fissiparité, par gemmation, — et sans recourir à aucune comparaison, nous comprendrons toutes les difficultés de ces études, tout l’intérêt des faits étranges qu’elles nous révèlent[1].

Nous avons réservé, pour en parler en dernier lieu, l’histoire des échinodermes, que nous avons déjà nommés dans l’embranchement des rayonnes, bien que cette classe, comprenant les holothuries, les oursins, les étoiles de mer, soit justement placée en tête des rayonnés radiaires ou rayonnés supérieurs. Nous n’avons pas agi ainsi sans motif. Quelques naturalistes ont nié qu’il y eût au fond identité entre les phénomènes que présentent ces animaux et ceux dont nous venons d’esquisser le tableau ; d’autres ont exprimé au moins des doutes. Or quiconque aura bien saisi ce que nous entendons par généagénèse, quiconque admettra avec nous que le caractère fondamental pour ce mode de génération consiste dans la production de plusieurs individus distincts à l’aide d’un seul germe primitif, n’aura pas même un instant d’hésitation ; mais il comprendra en même temps ce que le développement des échinodermes présente d’exceptionnel par suite des emprunts que la généagénèse semble faire ici aux procédés de la simple métamorphose.

Les faits curieux que nous allons indiquer ont été entrevus par plusieurs personnes seulement depuis peu d’années. Dès 1844, Saars,

  1. J’aurais aimé à compléter cette esquisse des travaux sur la généagénèse des infusoires par l’exposé succinct des curieuses recherches de M. Focke sur l’embryogénie des navicules ; mais d’une part l’exposé des phénomènes devient ici plus difficile encore, et d’autre part les résultats auxquels est arrivé l’auteur ont peut-être besoin, de confirmation. (Voyez notre Rapport sur les Études physiologiques de M. Focke, Comptes-Rendus de l’Académie des Sciences, 1885.) J’en dirai à peu près autant des travaux, d’ailleurs si intéressans, de M. Stein sur la multiplication des grégarines Un mémoire récent a jeté du doute sur plusieurs faits que ce savant paraissait regarder comme de montrés. (Rapport de M. van Bénéden sur deux mémoires envoyés au concours de 1853, Bulletin de l’Académie royale de Belgique.)