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recherches[1]. Nous devons dès-lors nous attendre à retrouver, chez les siphonophores les divers modes de reproduction signalés plus haut. Tel est en effet le résultat des investigations les plus récentes. Dans son beau travail sur les siphonophores de la mer de Nice, M. Yogta mis ce fait hors de doute[2]. la aussi la généagénèse se montre dans tout son développement, mais aussi dans toute sa variété. Toutefois son dernier terme paraît être presque toujours un animal médusiforme, à existence tantôt prolongée et tantôt passagère, à organisation souvent fort simple et d’autres fois plus complexe, tantôt libre comme dans j’aurélie, tantôt fixe, comme chez les campanulaires de Löwen, et qui seul acquiert les attributs du sexe mâle ou femelle, qui seul se reproduit par œufs. Il est, croyons-nous, inutile de recommencer ici le rapprochement déjà tant de fois fait ailleurs, et de comparer ce qui se passe chez les siphonophores aux simples métamorphoses des papillons.

Au-delà des acalèphes et des polypes, nous ne trouvons plus que des animaux de nature encore quelque peu douteuse, les infusoires, les éponges, réunis sous le nom de rayonnes globuleux. Ici encore nous rencontrons la généagénèse, ou du moins nous constatons la mise en œuvre de ses procédés.

Les éponges sont certainement des êtres composés, quoiqu’il soit bien difficile, peut-être impossible de déterminer chez elles l’individu. Ces êtres, encore problématiques aux yeux de quelques naturalistes, possèdent une charpente tantôt cornée, comme dans l’éponge usuelle, tantôt calcaire ou siliceuse, et représentée souvent par de simples aiguilles ou des spicules entrelacés. Sur les moindres ramifications de cette espèce de squelette s’étend et se moule une sorte de vernis. Ce vernis n’est autre chose que la matière vivante qui constitue l’animal. Chaque espèce, constante dans ses élémens, est variable dans sa forme, dans ses proportions, autant qu’un polypier quelconque. Comme ces derniers, les éponges peuvent multi plier par bouture, par division spontanée même. Les observations de Grant[3], confirmées par MM. Audouin et Milne Edwards, les recherches d’autres naturalistes nous ont appris en outre qu’il s’échappe de leur intérieur de véritables larves ciliées toutes semblables à des infusoires. Chez la spongille, espèce d’eau douce, fort commune aux environs de Paris, et qu’on a prise longtemps pour une plante, M. Laurent a vu ce mode de reproduction se montrer pendant tout l’été ;

  1. Mémoire sur l’Organisation des Physalies, Ann. des Sc. naturelles, 1854.
  2. Recherches sur les Animaux inférieurs de la Méditerranée, premier mémoire sur les Siphonophores de la mer de Nice. 1854.
  3. Les travaux de Grant remontent à 1826 et ont paru dans le New Edinburgh philosophical Journal.