Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 3.djvu/867

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plantes, tapissent les rochers et même les fucus de nos côtes, prenons pour exemple cette jolie campanulaire geniculée dont Löwen a suivi avec tant de patience le curieux développement[1] ; mais interprétons d’ors et déjà, grâce aux travaux de Steenstrup et de ses successeurs, les résultats obtenus par le naturaliste suédois[2]. — De l’œuf de cette campanulaire sort une larve ciliée qui se fixe sur un corps solide, s’épate, et ressemble alors à un petit gâteau creusé d’une cavité ; au centre de celle-ci se forme un amas de granulations qui grandit peu à peu et s’allonge en une tige droite, creuse, qui bientôt se recouvre d’un étui corné transparent. Un courant intérieur règne dans le canal de cette tige, et, accumulant des granules nourricière à l’extrémité, y développe un véritable bourgeon. Celui-ci s’organise peu à peu et prend d’abord la forme d’une cloche renversée fermée par une membrane cornée. La matière vivante qui en tapisse l’intérieur se détache bientôt et forme une sorte de bouton conique, sur lequel poussent des tentacules ; enfin au centre de ces derniers s’ouvre un orifice, une véritable bouche semblable à celle de l’hydre. Le premier polype est alors complet ; il brise la membrane tendue en avant de sa cellule et se développe au dehors comme une fleur qui vient de rompre son calice. Ce premier individu est toujours un polype nourricier ; il est neutre et exclusivement chargé de chasser pour lui et pour ses frères futurs. Ceux-ci se montrent successivement, toujours d’abord sous la forme de bourgeons, et parcourent les mêmes phases, si bien qu’au bout de quelque temps la colonie ressemble à une petite plante assez régulièrement coudée en zigzag, portant à chacun de ses angles, à l’extrémité d’un court pédicule, un de ces polypes chasseurs.

À ce moment, de nouveaux bourgeons se montrent à l’aisselle des polypes, entre les rameaux et le tronc du polypier. Ces bourgeons ressemblent d’abord aux premiers, mais ils tiennent à un pédicule beaucoup plus court, et ils deviennent beaucoup plus grands. La cellule qui en résulte est cinq ou six fois plus vaste que celle dont nous avons parlé, et le tube vivant qui remplit toutes les ramifications du polypier la traverse d’un bout à l’autre. C’est sur les côtés de cet axe que germent dans des espèces de loges les polypes reproducteurs. Chacun d’eux renferme un ou deux œufs bien caractérisés, qui grandissent en même temps que la mère, éclosent dans son intérieur et deviennent autant de larves ciliées. Les polypes percent aussitôt la membrane capsulaire pour s’épanouir au dehors. Ils ressemblent alors à une méduse dépourvue d’appareil digestif, et celui-ci

  1. Observations sur le Développement et les Métamorphoses des genres campanulaire et syncoryne. Ce travail, publié d’abord en suédois, a été traduit en allemand et en français. — Annales des Sciences naturelles, 1841.
  2. Ueber den Generationswechsel.