Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 3.djvu/855

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou de navigation, constructions de bourgs et villages. Vingt de nos départemens ont chacun plus de 100,000 hectares de terres incultes, dix en ont plus de 200,000 ; presque tous sont traversés par des lignes de fer. Supposez que les compagnies propriétaires de ces lignes achètent les terrains vagues les plus rapprochés à droite et à gauche de la voie et y portent la vie par des dépenses fécondes, les deux créations s’aideront mutuellement.

Il y a bien peu de terres qui ne puissent aujourd’hui être exploitées au moins en bois avec fruit. Depuis que les propriétés merveilleuses du noir animal sur les bruyères nouvellement défrichées ont été découvertes, les landes de Bretagne reculent sensiblement ; en vingt-cinq ans, la population a augmenté d’un cinquième dans le Finistère et la Loire-Inférieure. Depuis que l’action de la chaux dans les terres siliceuses est bien connue, les landes de l’Anjou, de la Vendée, du Poitou, disparaissent peu à peu ; dans Maine-et-Loire, la Sarthe, la Vendée, la Haute-Vienne, les Deux-Sèvres, la valeur moyenne des terres a doublé depuis 1830. Le même mouvement ne se fait pas encore sentir dans le Limousin, l’Auvergne, le Périgord ; mais il a commencé dans le Berri, le Nivernais, le Bourbonnais, et il y fait des progrès. Les versans méridionaux des montagnes centrales n’ont pas tout à fait les mêmes caractères, c’est probablement l’arboriculture qui est destinée à, les transformer ; le châtaignier, le noyer, le mûrier, le chêne-liège, le pin à résine, le prunier, l’amandier, la vigne, peuvent concourir, avec les arbres fruitiers proprement dits, à peupler les pentes des Cévennes, des Pyrénées et des Alpes, les bords de la Méditerranée et de la baie de Biscaye. La plupart de ces plantations exigent beaucoup de temps pour donner des produits, et nos générations impatientes se montrent peu disposées à attendre ; les compagnies ont plus d’avenir.

Sur d’autres points s’étendent de vastes étangs que nos pères avaient multipliés pour avoir du poisson, dans des régions éloignées de la mer et des fleuves, mais qui n’ont plus aujourd’hui la même raison d’être, et qui répandent autour d’eux l’insalubrité. L’ancienne principauté de Dombes, dans le département de l’Ain, contient à elle seule 1,500 de ces étangs, d’une superficie totale de 20,000 hectares, dont les émanations entretiennent des fièvres meurtrières. On a dit avec raison que si les poissons servent d’ordinaire à nourrir les hommes, ici ce sont les hommes qui nourrissent les poissons. Dans la Brenne, qui forme une des divisions du Berri, les étangs n’ont pas tout à fait la même étendue : 10,000 hectares environ au lieu de 20 ; mais les conséquences sur la santé publique ne sont pas moins pernicieuses. En ajoutant aux étangs proprement dits les marais et terrains marécageux, on trouve en France un total de