Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 3.djvu/615

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

acheter au meilleur marché possible et vendre le plus cher possible. Le grand art dans le commerce des valeurs consisterait donc à ramener les prix à un cours bas lorsqu’on veut acheter, à les porter à un cours élevé lorsqu’on veut vendre, ou du moins à prévoir les variations des cours et à en profiter. Existe-t-il des moyens par les quels, en combinant ses efforts avec les influences naturelles que nous avons indiquées, le trafiquant en valeurs puisse, à un moment donné, modifier les prix à sa convenance ou ménager ses mouvemens suivant les variations prévues des prix ?


Quelques explications préliminaires sur les opérations de la Bourse sont ici indispensables. Nous devons en effet supposer que le mécanisme de ces combinaisons n’est point familier à la majorité de nos lecteurs.

Les affaires auxquelles donne lieu le commerce des valeurs peu vent se diviser en deux classes d’opérations, les opérations au comptant et les opérations à terme.

Les opérations au comptant sont celles qui se règlent, par la livraison et le paiement de la valeur vendue, au moment où se fait l’opération ou dans un délai très limité ; Ce délai est de trois jours à la Bourse de Paris.

Les opérations à terme sont celles qui ne se règlent qu’à une époque plus ou moins éloignée du moment de la négociation, mais fixée d’avance. C’est ce règlement à une époque fixée d’avance que l’on appelle liquidation. Sur les rentes, les opérations à terme se liquident à la Bourse de Paris le 1er de chaque mois. Pour les opérations à terme, faites sur les actions des chemins de fer, du Crédit mobilier, etc., il y a deux liquidations mensuelles, l’une le 2 et l’autre le 16 de chaque mois. Le marché à terme n’existe pas pour les obligations.

Les opérations au comptant n’excluent aucune quantité de valeurs, quelque minime qu’elle soit. Une coupure de 10 francs de rente, une seule action, peuvent se vendre et s’acheter au comptant. Il n’en est pas de même des opérations à terme. Elles ne peuvent porter que sur des quotités fixes dont voici les bases minima : 2,250 fr. de rente pour le 4 1/2 pour 100 français ; 2,000 francs de rente pour le 4 pour 100 ; 1500 francs de rente pour le 3 pour 100 ; 25 actions des diverses sociétés dont les valeurs se négocient à terme. On ne peut pas acheter ou vendre à terme, là la Bourse de Paris, de moindres sommes de rentes françaises ou un nombre moindre d’actions. »

Les opérations à terme se subdivisent elles-mêmes en marchés fermes et en marchés à prime.