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genre ; en voici un que nous prenons au hasard dans le New-York Tribune du 26 avril 1856. Un éditeur annonce la publication d’un roman intitulé les Filles de la verte Montagne :

Les filles de la verte montagne !
Vivent leurs figures radieuses !
Vivent leurs rayonnantes chevelures !
Vivent leurs voix argentines !

Ces groupes de jeunes filles
Odorantes comme des bouquets de fleurs !
Poète, dites-moi, ne dirait-on pas
Une avalanche de roses ?

Lorsqu’elles sourient, on entend une musique
Douce comme le chant du rouge-gorge ;
Et ne sont-elles pas comme des anges
Moins les ailes d’or ?

Vivent les figures radieuses,
Vivent les chevelures rayonnantes,
Vivent les voix argentines
Des filles de la verte montagne !

« Les belles filles de la verte montagne ! qui ne les aime pas ? Aujourd’hui en vente chez tous les libraires les Filles de la verte Montagne, histoire du Vermont, par Blythe White, etc. »

On ne peut, après tout, reprocher à ces annonces que le charlatanisme avec lequel elles sont écrites. Il n’en est pas de même des annonces médicales, qui sont beaucoup plus dangereuses. Le premier venu, moyennant quelques dollars, a le droit de faire annoncer, sous le nom d’eaux de santé ou de pilules universelles, d’horribles mélanges chimiques et d’affreux précipités. Bien heureuses les dupes, lorsqu’elles tombent tout simplement sur quelque innocente drogue, comme la médecine incomparable (matchless sanative), qui eut un succès merveilleux à Boston il y a quelques années, et qui n’était que de l’eau colorée, ou sur les pilules végétales du docteur Moffat ou du docteur Brandeth, deux pauvres jeunes gens, dit avec attendrissement l’auteur américain auquel nous empruntons ces détails, jadis sans fortune et maintenant millionnaires ! Tous les gens qui se servent de l’annonce ne sont pas aussi scrupuleux, et le mal est allé si loin, que la législature de l’état de New-York s’est occupée d’un bill pour défendre la vente de toute médecine qui ne porterait pas inscrits sur son enveloppe les noms des matières qui la composent. Plusieurs fois on s’est élevé avec raison contre cette insouciance, ou, pour lui donner son véritable nom, contre cette semi-complicité des directeurs de journaux, qui prêtent l’appui de la publicité aux plus honteuses inventions du charlatanisme : voilà le revers de la médaille ; mais ces annonces rapportent de si beaux