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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 mai 1856.

Le monde ne se remet pas en un instant d’une secousse qui a duré plusieurs années, et qui a fait passer l’Europe par une des épreuves les plus décisives de ce siècle. Cet ébranlement d’une grande crise à la suite d’une longue paix, laisse des traces profondes dans toutes les relations, dans toutes les situations, même quand la cause première de l’anxiété universelle, a disparu, même quand la guerre n’est plus là, toujours présente aux imaginations par les sacrifices qu’elle impose, et plus menaçante encore par ses redoutables éventualités. Il est vrai, le congrès de Paris a eu l’heureuse fortune, due à la sagesse des plénipotentiaires, de faire tomber les armes des mains des combattans. Convoqué pour résoudre un des problèmes les plus épineux de la politique contemporaine, il a atteint, dans la mesure des choses possibles du moins, le but désigné à ses efforts : il a marqué son passage par le traité du 30 mars ; mais cette œuvre de la diplomatie une fois débattue et signée il y a tout un travail d’apaisement et en quelque sorte de réorganisation qui ne s’accomplit que peu à peu. Il reste bien des questions qui forment le complément de la guerre et de la négociation, qui sont la moralité de l’une et de l’autre. Quelle influence cette paix va-t-elle exercer sur la politique générale ? dans quelles conditions nouvelles place-t-elle l’Europe au point de vue des rapports des peuples et des alliances des gouvernemens ? À côté des problèmes qu’on peut considérer comme résolus, n’y a-t-il pas d’autres problèmes qui s’élèvent, et qui deviennent les élément essentiels de cet ordre nouveau ? Ce sont là les questions qui naissent inévitablement au lendemain, des grandes luttes, et sur lesquelles chaque jour jette quelque lumière nouvelle par la divulgation successive des faits aussi bien que par l’expression de la pensée des gouvernemens et par les commentaires des assemblées délibérantes. Les actes du congrès, livrés complètement au public, sont venus dévoiler toutes les parties de cette longue négociation, et si