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core une violation des traités de 1815 qu’on peut joindre à bien d’autres. Cela est nécessaire sans doute ; le gouvernement de Parme est obligé d’agir avec vigueur, soit par lui-même, soit à l’aide des forces qu’on lui prête. Certes rien n’est plus déplorable que cette épidémie de meurtre et d’assassinat, on ne peut s’étonner des mesures les plus sévères ; mais en même temps ne faut-il pas remonter aux causes, à tout ce qui peut pervertir à ce point le sens moral dans un pays ? La vérité est qu’il est des parties de l’Italie où règne une démoralisation profonde. À Parme, on assassine ; en Romagne, le vol est organisé comme le serait une industrie quelconque ; des bandes se promènent depuis six ans malgré les soldats autrichiens et les soldats français, et rançonnent même les légats, c’est-à-dire les chefs des gouvernemens de provinces. Il est évident qu’il y a là un mal profond, sur lequel le silence qui accompagne un tel régime ne saurait faire illusion. Le mal existe, et la politique sert souvent de commode passeport à toutes les passions meurtrières. Les événemens de Parme sont d’autant plus déplorables, que la régente actuelle, qui dirige les affaires au nom de son fils, avait inauguré son gouvernement par des mesures utiles et sages. Elle avait donné des preuves de ses fermes et intelligentes dispositions. Elle n’a point réussi à dominer cette situation terrible, et elle se trouve aujourd’hui avec sa faiblesse en face de crimes odieux et avec l’occupation étrangère. C’est là certainement un état qui dénote le trouble profond de l’Italie, le malaise qui survit toujours, la condition précaire des gouvernemens et des peuples. Le Portugal ressemble à bien des pays aujourd’hui ; il est travaillé du besoin de progrès matériels, d’améliorations industrielles et commerciales, de chemins de fer qui développent la richesse publique. Chose remarquable, le royaume portugais jouit d’une paix politique complète depuis cinq ans. Dans cet intervalle, il n’a eu ni révolutions, ni tentatives d’insurrection, ni même crises ministérielles. Le cabinet présidé par le duc de Saldanha n’a cessé d’exercer le pouvoir depuis que le roi actuel, dom Pedro, a atteint sa majorité, comme il l’avait exercé sous la régence du roi dom Fernando. En prenant la direction des affaires, le jeune souverain a eu la sagesse de s’interdire tout changement qui eût impliqué une dissolution du parlement, mesure d’autant plus inutile que des élections générales doivent avoir lieu d’ici à peu de mois, et que là pourra se manifester l’opinion du pays, si tant est que le pays ait une opinion politique très prononcée. Quoi qu’il en soit, en attendant ce moment, les : chambres de Lisbonne viennent de discuter leur adresse en réponse aux discours de la couronne, et comme les habitudes anglaises ne sont pas encore importées en Portugal, il n’a pas fallu moins de deux mois pour épuiser toutes les récriminations personnelles que les orateurs ont eu à échanger. En réalité, il faut bien le dire, l’opposition, quelque vive qu’elle soit, ne change point la situation, et pendant ce temps le cabinet préparait un ensemble complet de mesures d’un intérêt tout pratique. Il y a un mois, le ministre des finances a présenté aux chambres une série de projets, parmi lesquels on remarque un emprunt, un traité pour la construction des chemins de fer portugais, un remaniement du système de contributions. Ces divers projets, qui se lient entre eux, sont le fruit du voyage que le ministre des finances, M. Fontes Pereira de Mello, a fait récemment à Londres et à Paris, La première pensée du gouvernement