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rayons du soleil, l’épreuve positive se colore en noir là où ces rayons l’ont atteinte, tandis que les parties opaques de l’image superposée préservant de la lumière les surfaces correspondantes, le phénomène contraire se produit sur ces surfaces ainsi abritées ; elles gardent, figuré en blanc, tout ce qui était teinté dans l’épreuve négative. Grâce à cette dernière transformation, l’effet juste se trouve rétabli, et le modèle est reproduit sous son véritable aspect.

Tel est le principe général des procédés photographiques, procédés au moyen desquels on peut multiplier à l’infini les épreuves, et qui, plus ou moins compliqués dans la pratique par les travaux de fixation et de lavage, ne diffèrent entre eux que par le choix des substances employées ou par la nature des corps destinés à recevoir les négatifs. Ainsi quelques photographes opèrent immédiatement sur le papier, et s’en servent comme d’un cliché pour tirer les épreuves positives. D’autres, plus nombreux et mieux avisés à ce qu’il semble, — car les résultats obtenus par ce second moyen sont en général les plus précis, — remplacent le papier par une glace à laquelle certaines préparations ont donné une sensibilité égale, et qui a de plus l’avantage de la transparence : qualité précieuse, on le sent de reste, puisque le rôle du négatif est d’entraver le moins possible l’action de la lumière sur les points de l’épreuve positive où elle doit frapper. Enfin un autre mode de photographie, ou plutôt une véritable gravure héliographique, est depuis quelque temps l’objet de recherches assidues, et l’on a pu voir récemment à l’exposition universelle plusieurs spécimens de ce procédé pour réimprimer en creux soit des estampes gravées suivant la méthode ordinaire, soit même des photographies. Il ne s’agit plus ici ni de glace, ni de papier, mais bien d’une plaque d’acier sur laquelle on a appliqué une épreuve positive, et que l’on expose à l’influence des rayons lumineux. En vertu de la préparation qu’a reçue cette planche et des acides que l’on emploie, la morsure s’opère conformément aux travaux de la pièce originale, de telle sorte que celle-ci se trouve reproduite non à l’état de seconde épreuve, mais à l’état même de planche gravée, que l’on peut soumettre au tirage. — Nous ne mentionnerons que pour mémoire les épreuves photographiques directes, c’est-à-dire les positifs obtenus du premier coup, sans résultat négatif préalable, sans inversion momentanée des ombres et des lumières. Si satisfaisantes qu’elles puissent paraître en elles-mêmes, ces épreuves sont des pièces uniques, forcément stériles comme les plaques daguerriennes ; or nous n’avons à envisager ici la photographie que relativement à la gravure, et par conséquent au point de vue d’une reproduction féconde.

Quel que soit d’ailleurs le mode d’exécution adopté dans les travaux