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de l’industrie, c’est leur mobilité essentielle. Voilà les capitaux qui doivent véritablement être appelés mobiliers et qui méritent peut-être seuls ce nom, car leur destination est de passer par les transformations incessantes de l’achat, de la production, de la vente et de la consommation. Leur second caractère est la fécondité de leurs évolutions. Chacune de ces évolutions représente en effet une somme de travail utile consacré, ou à la circulation, ou à la transformation de la marchandise, un accroissement de valeur donné à la matière première, une création de richesse.

Tels sont les capitaux dont le crédit commercial est l’auxiliaire spécial. Il intervient à chacune de leurs évolutions pour donner à ces capitaux une nouvelle disponibilité. Sans lui, ces évolutions fécondes seraient lentes et pénibles ; par lui, elles deviennent faciles et rapides. Il suffit de signaler l’action qu’il exerce ainsi sur la circulation des capitaux de roulement du commerce et de l’industrie, pour montrer l’inappréciable utilité et la grandeur de la fonction qu’il remplit dans la vie économique. Mais cette action est assez grande pour qu’il ne soit point nécessaire d’en exagérer la puissance. Le crédit commercial donne assez pour qu’on doive se garder de lui demander plus qu’il ne peut donner. Afin d’éviter de tomber à cet égard dans de puériles et dangereuses erreurs, il faut le bien voir tel qu’il est, et mesurer sur la réalité ses moyens d’action et les limites de son influence.

Il y a pour cela une chose qu’il ne faut jamais perdre de vue, c’est la place que le crédit commercial occupe entre la production et la consommation. Il n’est qu’un intermédiaire entre ces deux agens de la vie économique. Il se borne à mettre la production en mesure de prévenir et de satisfaire les demandes de la consommation, et il remplit ce service en fournissant à la production, à laquelle il rend la disponibilité de son capital de roulement, les moyens d’attendre, sans interrompre ses travaux, que ses produits arrivent à la consommation et se réalisent en numéraire. Tel est le rôle du crédit commercial. Si on le comprend bien, on saisira facilement les limites infranchissables entre lesquelles le crédit commercial peut trouver ses ressources et exercer son influence.

Les établissemens d’escompte et les banques, qui sont les instrumens et les organes du crédit commercial, agissent d’un côté sur les capitaux de roulement du commerce et de l’industrie, et au moyen de ces capitaux ; d’un autre côté ils sont soumis, dans le développement de leurs opérations, à la loi d’équilibre qui dans le monde commercial lie la production elle-même à la consommation.

Les banques ne créent pas de capitaux : ce ne sont pas des capitaux créés par elles qu’elles fournissent au commerce et à l’industrie ;