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la puissance productrice des agens naturels, le producteur agricole et le producteur industriel et leur premier intermédiaire, le négociant, doivent joindre : le producteur, le capital nécessaire à l’achat de la matière sur laquelle s’exerce la production et au paiement des salaires de ses ouvriers pour la façon nouvelle qu’ils donnent à cette matière ; le négociant, la mise de fonds nécessaire à l’achat de la marchandise qui sera la base de ses premières opérations d’échange. Cette seconde part du capital engagé dans les entreprises industrielles et commerciales est ce que l’on appelle ordinairement le fonds de roulement. C’est la le capital dont le crédit commercial seconde et accélère les évolutions. Précisons le caractère de ces évolutions et la nature du concours que leur prête le crédit.

Quand le négociant a transformé son capital dans la marchandise qu’il a achetée, quand l’industriel a transformé son fonds de roulement dans le produit qu’il a fabriqué, ils ont à vendre l’un sa marchandise, l’autre son produit, et ils seraient réduits à l’inaction s’ils ne pouvaient opérer cette vente, car elle leur est indispensable pour rentrer dans leurs capitaux et les employer à de nouveaux achats et à des productions nouvelles. Or cette vente est soumise à des conditions déterminées par la nature des choses. La marchandise et le produit ne peuvent être réalisés en numéraire qu’en arrivant à la consommation qui les absorbe. Le négociant et l’industriel devront-ils se charger de porter eux-mêmes leur marchandise aux consommateurs, et devront-ils attendre qu’elle soit écoulée par la vente en détail ? Non ; entre les consommateurs et eux vient se placer une foule d’intermédiaires dont la fonction est : soit de donner de nouvelles façons au produit, soit de le transporter d’un marché à un autre, soit de le vendre en détail. C’est à ces intermédiaires que l’industriel et le négociant vendent en gros leur marchandise ; mais ces intermédiaires ne peuvent pas davantage réaliser en numéraire le prix de la marchandise qu’ils achètent avant qu’elle ne soit arrivée à la consommation. Au lieu donc de solder comptant le montant de leurs achats, ils contractent par un effet de commerce l’obligation de le payer à une époque calculée sur le temps jugé nécessaire pour l’arrivée de la marchandise à la consommation et à sa réalisation en numéraire. C’est alors que le concours du crédit commercial s’offre au négociant ou à l’industriel. Leur capital est maintenant représenté par les effets de commerce contre lesquels ils ont échangé leur marchandise. Au moyen de l’escompte, ils échangent ces effets contre du numéraire, et l’évolution de leur capital est accomplie ; ils peuvent le réemployer immédiatement à de nouveaux achats et à des productions nouvelles.

Le premier caractère des capitaux de roulement du commerce et