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peu plus de 5 millions au 30 juin 1850, les dépôts s’étaient élevés à près de 11 millions au 30 juin 1851.

Telle a été la première phase de l’existence du Comptoir d’escompte de Paris. Elle embrasse une époque de souffrance ou d’inertie relative pour le commerce, une époque où la véritable opération du crédit commercial, l’escompte de l’effet à deux signatures, trouvait un aliment insuffisant, où la gêne industrielle demandait l’expédient anormal et dangereux du prêt sur nantissement. Le Comptoir, dans cette pénible situation, ne s’était point ménagé ; il s’était bravement exposé à des risques qui semblaient supérieurs à ses ressources. Déjà, il est vrai, des symptômes d’amélioration étaient visibles ; mais l’essor des affaires en 1852 surpassa ces modestes présages, et ouvrit soudainement au Comptoir d’escompte un champ plus digne de son activité.


III

Jusqu’à la fin de 1851, le Comptoir d’escompte de Paris n’avait pu réaliser entièrement la portion de son capital qui devait être fournie par les actionnaires. Il n’avait encore réuni sur ce capital, le 30 juin 1851, que 4,230,535 fr. 50 cent. Le 1" janvier 1852, il put placer au pair le solde des actions complétant la somme de 6,666,500 fr., montant du capital qui devait être fourni par les actionnaires.

Mais bientôt l’accroissement prodigieux des affaires obligea l’administration du Comptoir à augmenter son capital pour le mettre en rapport avec le développement des opérations. En effet, les escomptes mensuels qui avaient été en moyenne de 12 millions dans, le troisième exercice (1849-1850), de 18 millions dans le quatrième (1850-51), s’étaient élevés à 22,800,000 francs dans le cinquième (1851-52), et atteignaient les chiffres de 30,600,000 francs dans le premier trimestre de l’exercice 1852-53, et de 46,400,000 francs dans le trimestre suivant. L’administration songea aussi à profiter des nouvelles circonstances pour obtenir une prolongation de durée qui consolidât d’une façon permanente l’existence du Comptoir, et des modifications dans les statuts qui lui permissent de proportionner ses opérations à la nouvelle situation dans laquelle on entrait.