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de cette dette, la Banque a d’abord la somme de tous les crédits faits par elle, le montant de ses créances représentées dans son portefeuille par les effets escomptés et par les titres sur lesquels elle a prêté, crédits tous à courte échéance, sauf sa créance de 60 millions sur l’état, dont le recouvrement total ne sera achevé qu’après douze années. Elle a ensuite son capital. Le capital de la Banque avait été primitivement de 90 millions. Le rachat de 22,100 actions avait réduit ce capital à 67,900,000 francs au moment de la révolution de février. La fusion avec les banques départementales le releva à 91,250,000 francs. Il faut y ajouter une réserve de 12,980,750 fr. 14 cent, et une réserve immobilière de 4 millions, ce qui porte à 108,230,750 francs le capital actuel. Sur cette somme, 9,191,139 fr. sont représentés par les immeubles de la Banque et de ses succursales, et 65,169,534 francs sont placés en rentes sur l’état. La Banque n’a conservé dans le roulement de ses opérations que 33,870,077 fr. La Banque a enfin sa réserve métallique, c’est-à-dire la portion des crédits qu’elle reçoit, qui est réalisée en espèces. Son portefeuille et la partie immobilisée de son capital ne servent que de garantie à sa dette exigible. Le mécanisme de ses opérations repose sur une hypothèse et sur un fait : l’hypothèse, c’est que les crédits qu’elle reçoit dureront aussi longtemps que ceux qu’elle accorde elle-même ; le fait, c’est que sa réserve métallique soit toujours assez considérable pour la mettre en mesure de suffire aux remboursemens de comptes-courans et de billets qui lui seront probablement demandés dans le délai qui reste à courir pour la réalisation de son portefeuille.

On peut se rendre compte de ce mécanisme et de la façon dont s’équilibrent les crédits donnés par la Banque, les engagemens qu’elle contracte en conséquence, et les ressources qu’elle possède pour faire face à ces engagemens, en analysant les situations qu’elle publie chaque mois. Prenons pour exemple la situation au 14 février de cette année, la dernière qui ait été publiée.

Les crédits faits par la Banque sur l’escompte étaient à cette époque représentés par des effets de commerce s’élevant à la somme de 439,794,434 fr. 96 cent. Les avances sur lingots, effets publics, actions et obligations de chemins de fer, montaient à 114,166,736 fr. 10 cent. La somme restant due par le gouvernement sur l’emprunt de 1848 et l’escompte au trésor de 40 millions de bons du trésor portaient à 100 millions le chiffre des avances à l’état. Le total des crédits faits par la Banque aux particuliers et au trésor était donc d’un peu plus de 654 millions.

Les engagemens de la Banque provenant des comptes-courans et de la circulation de ses billets se répartissaient ainsi :