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Voilà l’ensemble des services de crédit rendus par la Banque de France aux particuliers et à l’état. Avec quelles ressources la Banque subvient-elle à toutes ces avances? Ces ressources sont de deux sortes : elles se composent premièrement des sommes déposées au compte-courant à la Banque par le trésor et par les particuliers, et secondement de la circulation de ses billets dans le public.

Le trésor verse, à titre de dépôt, dans les caisses de la Banque le produit de ses rentrées, et les y reprend au fur et à mesure de ses besoins. La Banque ne paie aucun intérêt sur ces dépôts ; elle les garde sous la seule condition de les rembourser à la demande du trésor. Le mouvement des versemens et des retraits des fonds du trésor laisse ordinairement à la disposition de la Banque des sommes considérables, mais dont la quotité est soumise à de brusques variations. On voit quelquefois la somme de ces dépôts se réduire presque à rien, et un mois après dépasser 200 millions. La moyenne des fonds laissés en compte-courant par les particuliers est plus uniforme. La Banque garde également ces dépôts sans payer d’intérêt, à la condition de les restituer immédiatement sur le mandat des déposans. Par ce canal, la Banque attire à elle les capitaux disponibles qui, sortant d’affaires terminées, attendent les besoins ou les occasions pour s’engager dans de nouveaux emplois. Le caractère des fonds ainsi déposés n’est donc point de séjourner longtemps dans les caisses de la Banque; ils n’y font que de courtes haltes. Ils y entretiennent cependant, à travers leurs allées et venues, une ressource dont le niveau est moins variable que celui des dépôts du trésor. En 1854, le maximum des comptes-courans particuliers avait été 212 millions au 1er juin, et le minimum 129 millions au 14 décembre. Ces chiffres ont fléchi en 1855. Le maximum a été 198 millions le 6 mars, le minimum s’est rencontré à la même échéance qu’en 1854, au 14 décembre, et il est descendu à 115 millions, ce qui donne pour l’ensemble de l’année une moyenne d’environ 156 millions. Enfin à ces comptes-courans, crédits faits à la Banque par l’état et les particuliers, s’ajoute le crédit permanent que le public accorde à la Banque, en retenant dans la circulation une somme de billets qui, après avoir flotté longtemps aux environs de 600 millions, a atteint l’année dernière (570, et reste en ce moment au chiffre de 635.

Mais ces ressources, résultant du crédit que l’état, les particuliers et le public en masse font à la Banque, ont ce caractère commun d’être des engagemens immédiatement exigibles qu’elle est tenue d’acquitter à la première réquisition. Ils constituent la dette de la Banque, dette à tout moment remboursable. Quels moyens a la Banque de garantir cette dette et d’en assurer l’acquittement? Pour gage