Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’initiative de cette extension des statuts de la Banque, que celle-ci, le ministre des finances le reconnaissait dans son rapport, eût été peu disposée à solliciter elle-même. En retour, le gouvernement lui accorda la prolongation jusqu’en 1867 de son privilège, qui aurait pu être révisé en 1855[1]. Du reste, comme pour les effets publics, le conseil général fixe dans chacune de ses réunions hebdomadaires la somme qu’il veut employer en avances sur actions et obligations de chemins de fer.

En 1852, la conversion des rentes opérée par le gouvernement obligea la Banque à donner une importance inusitée à ses prêts sur effets publics. Dès que la mesure fut décrétée, le conseil de la Banque, voulant en seconder l’exécution, vota un crédit de 150 millions pour être employé en avances sur rentes. Aussi les avances de cette nature, qui n’avaient pas dépassé 44 millions en 1851, atteignirent en 1852 le chiffre de 330. Cette même année, les avances sur actions de canaux triplèrent : de 7,500,000 fr., elles furent portées à 22 millions, et les avances sur chemins de fer, qui n’avaient été opérées que pendant les neuf derniers mois de l’exercice, s’élevèrent à 193 millions. La somme totale des avances sur effets publics ou actions fut donc de 545 millions. En 1853, les avances sur effets publics diminuèrent : elles furent réduites à 216 millions; mais il y eut augmentation des avances sur les actions de canaux, qui montèrent à 35 millions, et des avances sur valeurs de chemins de fer, qui s’élevèrent à 522 millions. La somme totale fut de 773 millions. En 1854, ces crédits éprouvèrent une réduction considérable. Les avances sur rentes descendirent à 100 millions, celles sur valeurs de chemins de fer à 347 millions, celles sur actions de canaux et obligations de la ville de Paris à 23 millions, formant un total de 470 millions.

Les chiffres de l’exercice 1855, dont la Banque vient de publier le compte-rendu, sont encore plus intéressans à étudier. Les avances sur rentes se sont élevées à 215 millions et demi, les avances sur chemins de fer à près de 433 millions, les avances sur actions de canaux à 24 millions et demi. La somme de ces prêts pour toute l’année a donc été de 673 millions. Ces avances ont augmenté considérablement aux approches du dernier emprunt, la Banque, suivant le témoignage de son gouverneur, « s’étant montrée très facile, afin de favoriser les personnes qui cherchaient à se procurer des fonds pour souscrire. » Au 1er août, après la clôture des souscriptions, ces

  1. La Banque prend contre les emprunteurs sur actions ou obligations des sûretés analogues à celles que sont tenus de lui donner les emprunteurs sur effets publics. Elle a divisé en catégories les compagnies sur les actions desquelles elle prête, proportionnant la quotité de ses avances aux sécurités financières qu’elles présentent, et ne prêtant rien à celles qui ne donnent pas de revenus.