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1849, et l’on reprit à 1,241 millions on 1851. Depuis le nouveau régime, voici la progression qui s’est produite :


1852 1,824,479,438 fr.
1853 2,842,930,285
1854 2,944,643,591
1855 3,762,000,000

Ce n’est, comme on voit, qu’en 1853, six années après 1847, que le chiffre des opérations d’escompte arrive à dépasser d’un peu moins de 200 millions celui de la dernière année du règne de Louis-Philippe. Depuis lors la progression a recommencé sa marche ascendante et a pris un élan extraordinaire en 1855. Le total des sommes escomptées dans cette dernière année se décompose ainsi entre l’établissement central et les succursales : l’établissement central a escompté 1,017,000,000 fr., et les succursales 2,745,000,000 fr.

L’escompte est l’opération la plus importante des banques, puisqu’elle est leur raison d’être. Elles s’écartent du cadre de leur institution quand elles emploient leurs ressources à des opérations d’une autre nature; ces écarts, poussés trop loin, pourraient même compromettre leur existence. Il est cependant d’autres services qui se rapprochent plus ou moins de l’escompte, et qu’elles peuvent, dans de certaines limites, rendre aux particuliers et aux gouvernemens. Telles sont les avances que la Banque de France est autorisée à faire sur effets publics à échéance déterminée comme les bons du trésor, certaines obligations de la ville de Paris, etc., sur effets publics comme les rentes et sur les actions et obligations de chemins de fer.

Les escomptes des bons du trésor et des valeurs analogues rentrent dans l’escompte ordinaire, puisque ces valeurs sont, comme les effets de commerce, payables à échéance fixe. Il n’en est pas de même des prêts sur rentes et sur actions et obligations industrielles; ces valeurs diffèrent tout à fait par leur nature de celles que les banques sont appelées à escompter et à remplacer dans la circulation par leurs billets. Cette dissemblance est trop importante, elle établit entre la portée de l’escompte proprement dit et celle du prêt sur nantissement de titres une trop grande différence pour que nous négligions d’en signaler ici le caractère et les conséquences.

L’effet de commerce est l’expression d’une opération commerciale, c’est-à-dire de la circulation d’un produit qui change de mains pour arriver à la consommation où il devra se réaliser en numéraire. Au contraire le titre de rente, l’action ou l’obligation représentent une propriété fixe, un capital immobilisé, une valeur fournissant un revenu, mais qui, de sa propre vertu, n’arrive point rapidement et intégralement à sa réalisation en numéraire. Escompter des effets de