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plénitude d’une autorité affranchie de contrôle, n’eut pas de peine à y réussir. Il remania le système des anciennes concessions, il les fit jouir comme les nouvelles de conditions de durée plus avantageuses, il autorisa et encouragea les fusions des compagnies entre elles, il combina les conditions les plus favorables aux intérêts financiers des compagnies. Les capitaux, l’industrie, la spéculation, après un inquiet chômage de quatre années, ne pouvaient être indifférens à de telles avances, et se précipitèrent avec ardeur dans la voie qui s’ouvrait à eux vers de rapides et magnifiques profits.

Tel a été le point de départ de la situation dont nous nous appliquerons à exposer l’ensemble, à juger les caractères et à pressentir les conséquences. Nous demanderons seulement, avant de commencer cet examen, à indiquer les deux points sur lesquels il devra porter plus particulièrement et l’ordre que nous comptons suivre. Et d’abord la division qui se présente le plus naturellement dans une pareille étude est celle qui est donnée par les deux ordres d’intérêts qui se réunissent dans les grandes affaires, les intérêts généraux et les intérêts particuliers. Au point de vue des intérêts généraux, il faut rechercher ce que valent par elles-mêmes, par leur objet, par les services qu’elles sont appelées à rendre, les grandes affaires, les grandes entreprises, les grandes institutions de crédit qui sont établies et qui fonctionnent chez nous. Il est clair qu’indépendamment du système d’après lequel elles sont constituées et des avantages qu’elles font aux compagnies qui les représentent, des entreprises comme les chemins de fer et les institutions de crédit sont de puissans instrumens de richesse mis à la disposition d’un pays. Il est intéressant d’estimer le développement qui a été donné de la sorte à nos ressources nationales. Il y a là, du moins pour quelques-unes de ces affaires, pour certaines institutions de crédit et pour les chemins de fer, des résultats irrévocablement acquis au pays, quelle que soit dans l’avenir la destinée des combinaisons financières sur lesquelles ces affaires reposent. Pour arriver à cette estimation des résultats apportés par le mouvement d’affaires qui date de 1852, il sera nécessaire d’entrer dans l’examen détaillé des plus importantes, d’exposer l’objet et le mécanisme des institutions de crédit, de décrire les divers groupes de chemins de fer dans l’état où les ont placés les dernières fusions, et d’apprécier leur influence sur le développement de l’industrie générale.

Mais cette première étude des entreprises actuelles, considérées dans leurs rapports avec l’utilité publique, ne sera point peut-être la partie la plus instructive et la plus curieuse de notre tâche. Envisagées en elles-mêmes, au point de vue des capitaux qui y sont engagés et des profits qu’elles procurent à ces capitaux, elles