Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les communions protestantes. L’établissement est régi par des directeurs civils et des directrices. Ce que nous aimons le moins, c’est le costume. Les orphelins et les orphelines sont habillés mi-partie de rouge et de noir. On dit que cet uniforme facilite l’application des mesures de discipline extérieure. Les cabaretiers par exemple ont ordre de ne point recevoir chez eux les jeunes gens portant ce costume. Nous approuvons fort ces règlemens, mais on se demande s’il ne serait pas possible d’atteindre le même but sans revêtir les orphelins et les orphelines d’une livrée singulière, qui affiche beaucoup trop leur infortune. Quoique l’éducation qu’ils reçoivent dans la maison s’arrête au premier degré, quelques élèves dont l’établissement a conservé les noms ont marqué dans les sciences ou dans les fonctions publiques. Le plus célèbre d’entre eux est van Speijk. L’établissement est plein de son souvenir. Une toile retrace le dernier exploit de sa vie, qui l’a rendu si cher aux Hollandais. Quelques têtes d’hommes effarées regardent par une lucarne du vaisseau le jeune lieutenant de marine au moment où il approche la mèche des barils de poudre. On reste frappé d’admiration, non à la vue du tableau, qui est mauvais, mais à la vue de l’action, qui est sublime.

Toutes ces fondations si méritoires sont bien dépassées par celles qu’on doit à la sollicitude de la baronne de Reede de Renswoude. En Hollande, on trouve le nom d’une femme à l’origine de presque toutes les institutions charitables. Cette dame, qui n’avait point d’enfans, laissa par testament sa grande fortune aux orphelins. J’ai vu son portrait, qui exprime un air de grâce et de bonté. Les traces vivantes de son œuvre sont surtout à La Haye, à Delft, à Utrecht. Elle a voulu que dans ces trois villes on fît un choix parmi les orphelins nés de parens bourgeois, et que les enfans les plus distingués par leur intelligence reçussent une éducation tout à fait soignée. Le testament, qui est de 1749, porte que ces jeunes gens d’élite devront se développer selon leurs moyens dans les arts libéraux, dans la médecine ou la chirurgie. Pour satisfaire à ses volontés, on créa à La Haye, dans la maison connue sous le nom de Burger-Weeshuis, érigée en 1564, un second établissement, dont le titre rappelle le nom de la fondatrice. Plusieurs ingénieurs civils et quelques chirurgiens distingués se sont formés dans cette école. À Utrecht, j’ai visité une succursale de la même œuvre, qui est un véritable monument de bienfaisance. Plusieurs élèves remarquables sont sortis de cette maison : parmi eux, il faut nommer le graveur Josi, qui a publié un catalogue raisonné des œuvres de Rembrandt.

Dans les villes de Hollande, on voit habituellement au-dessus de