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prévoyance. Sous ce dernier rapport, ses vues n’ont point été trompées. Pendant huit hivers, plus de cent familles ont été préservées de la faim. Les ouvriers de toutes professions, terrassiers, maçons, peintres, tailleurs, bottiers, travaillent dans les dunes aussi longtemps qu’ils ne trouvent pas d’ouvrage on ville, c’est-à-dire pendant trois ou quatre mois de l’année. Il ne faut en effet considérer ce chantier que comme la dernière ressource à laquelle l’ouvrier s’attache, lorsque tous les autres moyens lui manquent pour exercer ses bras. Chaque communion religieuse fournit un nombre de travailleurs proportionné à son importance numérique. Ces ouvriers reçoivent au plus 4 florins 20 cents par semaine[1]. Quoique le but de la commission n’ait point été une spéculation matérielle, on peut dire que les sacrifices d’argent n’ont point été perdus. Un terrain improductif a été transformé en champs utiles pour la nourriture de l’homme et des bestiaux. La récolte des tubercules et des légumes a donné l’année dernière un résultat de 4,104 florins ; c’est une moyenne de 87 florins par hectare. On ne saurait trop encourager une institution qui traduit l’aumône sous la forme du salaire, et qui, dans les temps difficiles, atténue la misère de l’ouvrier sans demander aucun sacrifice à la dignité humaine.

Beaucoup d’autres institutions de prévoyance existent en Hollande, mais rien ne les distingue de ce qu’on remarque dans d’autres pays. Il faut d’ailleurs le reconnaître, le système préventif de la charité, est faible ; il vient de naître. Il n’en est pas de même du système qui va au secours des infortunes accomplies et de ce que l’assistance publique fait par exemple pour l’enfance des orphelins. On peut établir deux degrés dans la situation des orphelins, selon qu’ils appartiennent à la classe pauvre ou à la classe moyenne. Les asiles destinés à recevoir les enfans de la classe pauvre sont les premiers qu’il convienne d’examiner.

À La Haye, sur un quai qu’on nomme le Spui, au tournant d’un pont, s’élève un grand pavillon de brique à volutes et à bordures de pierre. L’édifice trempe ses pieds dans l’eau. Une des faces de ce vieux bâtiment, surmontée d’une horloge, se regarde dans le miroir tranquille du canal, tandis que de côté, sous d’immenses fenêtres, s’ouvre une petite porte basse : c’est l’entrée. Au-dessus de la porte est un écusson supporté par deux lions sculptés en relief et au bas duquel on lit ces mots : Diaconye oude wrouwen en kinderhuys, hospice de la diaconie pour les vieilles femmes et les enfans. Cet établissement, fondé en 1659 par les dons de la commune protestante

  1. Cette ressource est évidemment insuffisante : l’ouvrier y supplée par des économies ou par des dons qu’il reçoit de la communauté religieuse à laquelle il appartient.