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vers le golfe de Peluse, à peu près dans la voie de l’ancienne branche pelusiaque, afin d’y fertiliser environ 30 mille hectares de terres incultes aujourd’hui et faciles à préserver des marées hautes de la Méditerranée. À ces barrages éclusés on pourra annexer des déversoirs à vannes d’une longueur totale de 3000 mètres. Ces déversoirs, dont le seuil serait placé à la cote 0m 50, suffiraient seuls au débit du Nil en hautes eaux, époque à laquelle le plan d’eau du canal est relevé de 0m 50 ; s’il ne paraissait préférable de réduire la longueur des déversoirs et de disposer des vannes de fond sur les points du canal où les vases du fleuve auraient une tendance particulière à s’accumuler. Grâce à cet ensemble de dispositions, le canal sera maintenu à son régime d’eau normal, les ports de Rosette et de Damiette seront améliorés au bénéfice du cabotage des côtes d’Égypte et de Syrie, et l’accès du canal aura été ménagé à cette navigation secondaire sur trois points en dehors de la passe d’Alexandrie, qui sera moins encombrée de petits navires.

Ici se présente une question des plus intéressantes, non-seulement parce qu’elle touche à cet ordre général d’améliorations que le projet introduit, détermine et prépare dans le sol et les eaux de l’Égypte, mais encore parce qu’elle se lie, utilement peut-être, à l’exécution du canal. Est-ce bien à Rosette, à Damiette et à Peluse c’est-à-dire aux embouchures naturelles du canal sur la Méditerranée, qu’il faut pourvoir à l’écoulement régulier des eaux du Nil ? S’il est vrai que les atterrissemens du fleuve encombrent aujourd’hui les ports de Damiette et de Rosette, ne serait-il pas convenable, tout en y disposant, ainsi qu’à Peluse, des écluses de chasse, d’établir des vannes de fond et des déversoirs sur d’autres points de la côte ? N’y aurait-il pas avantage et même économie à se réserver de choisir le terrain, et de répartir l’écoulement des eaux de la façon la plus conforme à la tenue d’eau du canal ? La langue de terre qui le sépare de la mer est d’une largeur médiocre et se prêterait à l’installation de ces ouvrages. Dans cette hypothèse, la largeur des branches du Nil en aval du canal pourrait être réduite aux proportions qu’on jugerait à propos de fixer, soit qu’on opérât sur leur lit, soit qu’on procédât par des dérivations. Il suffirait de leur laisser les dimensions que la petite navigation comporte. Par là l’importance des barrages placés à l’embouchure serait singulièrement atténuée, l’exécution simplifiée, surtout s’il n’y avait à les construire que sur des dérivations, et ce parti serait probablement le moins coûteux. C’est alors le canal même qui servirait de lit au fleuve dans les portions comprises entre les principaux affluens et les débouchés vers la mer ; sa section devrait y être augmentée, et de la se ferait sans exagération de dépense, à la faveur des lacs de la côte nord, qui y concourraient naturellement. Nous nous bornons à ces aperçus