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chevaux, bœufs et taureaux de travail ; trois cent soixante porcs sont engraissés annuellement et recherchés par le commerce de la charcuterie des environs et de Paris ; on livre à la boucherie de cent cinquante à cent soixante bêtes bovines, plus six ou sept mille bêtes à laine, également engraissées à l’aide des produits de la culture et des opérations manufacturières. Celles-ci laissent en outre de riches engrais par leurs résidus : écumes des défécations, noir fin des clarifications et dépôts, vidanges des animaux dépecés, enfin cendres et terres imprégnées des déjections liquides.

Sans doute il a fallu augmenter beaucoup, doubler peut-être le capital engagé ; mais ici personne ne songerait à s’en plaindre, car, avant ces changemens et ces augmentations considérables, le capital ne produisait rien, l’amortissement du matériel agricole était fort aventuré, tandis que le capital doublé produit au-delà de 15 pour 100 avec un amortissement qui assure les intéressés contre toute chance de dépréciation du matériel des fermes et des manufactures. D’aussi beaux résultats ne pouvaient manquer de fixer l’attention de la Société centrale d’agriculture et du jury international ; ils justifient largement les hautes récompenses décernées dans le cours de l’année 1855 à l’habile directeur de Bresles[1] . Ils offrent un exemple digne d’être signalé à l’attention des agronomes et des propriétaires qui seraient disposés à développer par de semblables efforts la production des subsistances.

Nous n’ajouterons que quelques mots à l’exposé de ces faits, qui parlent d’eux-mêmes. Le développement de la production agricole est évidemment en mesure de suivre les progrès de la consommation intérieure ; mais, pour obtenir ce résultat, il importe de réaliser sur de plus larges bases l’alliance, déjà si féconde, de l’industrie agricole et de l’industrie manufacturière. Espérons que cette alliance se resserrera encore, car, d’une part, elle concilie les intérêts de la production avec ceux du commerce ; de l’autre, en augmentant la consommation de la viande, elle procure à nos populations deux biens inappréciables, la force et la santé.


PAYEN, de l’Institut.

  1. La Société centrale d’agriculture, dans sa dernière assemblée en séance publique, le 29 août 1855, a décerné sa grande médaille d’or à M. Hette pour ses grands et remarquables perfectionnemens agricoles et manufacturiers. Dans la même séance, l’habile régisseur de Bresles a reçu un des prix mis au concours pour la création d’établissemens destinés à utiliser les débris des animaux. Enfin on lui a décerné une médaille de première classe et la décoration de la Légion-d’Honneur à l’occasion de l’exposition universelle.