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a entrevu et M. Le Verrier a suivi encore plus loin ce résultat des lois du mouvement, savoir que dans la région qu’occupent ces nombreuses petites planètes, la condition des masses destinées à devenir ultérieurement des planètes était celle d’un mouvement instable, ce qui devait ou les soulever vers la région supérieure où prédomine Jupiter, ou bien les précipiter avec le reste de la matière chaotique vers le soleil. Suivant une expression parfaitement juste de M. Le Verrier, ce ne sont pas les petites planètes qui doivent nous sembler quelque chose d’étonnant ; ce sont les grosses, qui ont aggloméré, on ne sait comment, toute la matière qui était au-dessus et au-dessous d’elles.

Il y a donc lieu de chercher quelles sont les saisons de quarante-cinq planètes, dont quatre grosses, quatre moyennes, et trente-sept d’une dimension minime.

Les quatre moyennes ne sont pas à beaucoup près, d’égale grosseur. La Terre et Vénus sont presque pareilles en tout, sauf l’avantage d’une lune que possède notre Cybèle. Mercure et Mars sont beaucoup plus petits ; Mercure n’est en volume que le seizième, et Mars le septième de la Terre et de Vénus. D’autre part, Jupiter est quatorze cents fois plus gros que la Terre, Saturne sept ou huit cents fois, Uranus quatre-vingts fois, et enfin Neptune cent fois. Avec de telles disproportions de dimensions et de distances à l’astre échauffant, on doit s’attendre à de grandes variétés de saisons, puisqu’avec le même soleil toute l’année l’Europe a l’hiver et l’été, qui ne se ressemblent guère. Que sera-ce si l’on compare entre eux Neptune et Mercure, celui-ci ayant un soleil six mille fois plus chaud que Neptune ?

Pour étudier les saisons des planètes du monde solaire, nous les partagerons en trois classes, celles qui, comme Saturne et Mars, ont des saisons analogues à celles de la Terre, celles qui, comme Uranus, Mercure et Vénus, ont des saisons et des climats excessifs. Enfin nous mettrons à part l’immense Jupiter, qui, avec son printemps perpétuel, n’a pour ainsi dire point de saisons. Ses divers climats sont invariables pendant tout le cours de son année, qui est en durée douze fois plus longue que la nôtre.

En appliquant d’abord à notre globe, pour être plus intelligible, les questions que nous allons faire à l’astronomie sur les autres planètes, figurons-nous la Terre accomplissant en un an sa course autour du soleil, et revenant à la même position après avoir présenté successivement ses deux pôles aux rayons de l’astre de la lumière et de la chaleur. Si nous partons du printemps, nous avons d’abord dans nos régions tempérées des jours et des nuits de douze heures, puis le jour gagne en durée et la nuit se raccourcit ; puis, à Paris du moins, les jours sont de seize heures, et la nuit de huit seulement. Pendant cette saison, qui est le printemps, les neiges qui ont recouvert une grande partie des continens septentrionaux disparaissent pour faire place à une active végétation ; les arbres se couvrent de verdure, et les plantes que l’hiver a fait périr renaissent de leurs graines pour rivaliser de feuillage avec les végétaux permanens ; les fleurs, les graines, les rejetons, assurent la reproduction des espèces, et les espèces sociales, tant les plantes que les arbres, envahissent le sol dans les localités non soumises à l’homme par le seul bénéfice de la force d’association. C’est ainsi que nous observons d’immenses forêts de pins, de chênes et de hêtres, et des plaines sans bornes