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LES
SAISONS SUR LA TERRE
ET
DANS LES AUTRES PLANÈTES

C’est une opinion maintenant généralement admise que notre siècle est éminemment positif et utilitaire, que les intérêts matériels de la grande société humaine des deux côtés de l’Océan-Atlantique préoccupent exclusivement le génie de l’homme, et que le mérite de chaque découverte doit être évalué en francs, en dollars ou en livres sterling. L’Orient lui-même, engourdi et dépeuplé par une fainéantise de plusieurs siècles, semble sortir de sa torpeur apathique et vouloir donner un démenti à cette conclusion de l’histoire, que la civilisation marche toujours vers l’Occident sans jamais rétrograder. La vapeur, les chemins de fer, l’électricité, les manufactures envahissent l’Asie par ses frontières du nord, de l’ouest et du midi, par la Russie, par l’Égypte, l’Inde anglaise, et bientôt sans doute ils l’envahiront par la Turquie et par la Chine. Le monde de 1956, ou, pour parler plus modestement, la terre de 1956 ne ressemblera guère à celle de 1856, pas plus que l’Europe d’aujourd’hui ne ressemble à l’Europe du milieu du siècle dernier. Cependant les penseurs, philosophes, théologiens et métaphysiciens, n’en ont pas moins poursuivi le cours de leurs spéculations intellectuelles, et, chose étonnante, dans nos vieilles sociétés européennes comme dans les états nés d’hier en Amérique, ils ont trouvé des oreilles attentives, avantage rare dans ce siècle préoccupé de tant d’intérêts divers. Il est donc bien certain, suivant une parole célèbre, que l’homme ne vit pas seulement de pain. Plusieurs opinions relatives à l’habitation future de l’homme dans d’autres séjours que celui de notre planète ont eu du retentissement dans le monde des idées. Ayant eu moi-même, en une circonstance récente, à improviser une conférence sur les saisons des diverses planètes de notre monde solaire, je fus étonné de voir que plusieurs de mes auditeurs semblaient