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THÉRÈSE
SOUVENIR D’ALLEMAGNE

Un matin, en se levant, un jeune homme de Paris, qu’on appelait Gérard de N…, reçut une lettre de son notaire, qui le priait de passer chez lui. Ce notaire était d’un caractère méthodique et silencieux, il ne lui écrivait jamais que dans les circonstances urgentes, Gérard se rendit donc sur-le-champ à son étude, et un petit clerc l’introduisit dans le cabinet de son patron.

Le notaire montra à son client un vieux fauteuil de cuir, et, lui présentant un papier :

— Vous avez, dit-il en s’adressant à Gérard, une parente en Allemagne ?

— Une parente ?… C’est possible, je ne sais pas.

— Je le sais, moi. C’est une sœur de votre grand-père. Elle vient de mourir sans laisser de testament. Vous êtes son plus proche héritier. Voyez s’il vous convient de réclamer la succession ou de la laisser aux collatéraux.

— Et cette succession est-elle considérable ? demanda Gérard.

— Cent mille écus à peu près. Voici les titres qui constituent vos droits.

Si riche qu’on soit, cent mille écus ne sont pas chose qu’on dédaigne. — C’est bien, reprit Gérard. Cela me contrarie un peu à cause des courses de Chantilly qui vont commencer, mais je partirai.

Il se leva, mit les papiers dans sa poche, prit sa canne et salua le notaire.