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L’ART ET L’INDUSTRIE
DES BRONZES


L’art des bronzes, qu’on voit naître dès les premiers âges de l’humanité, après s’être développé sur des théâtres bien divers, est aujourd’hui presque exclusivement français. La dernière exposition universelle a pleinement constaté la supériorité du génie de notre pays appliqué soit aux progrès de l’art des bronzes proprement dit, soit au développement des procédés matériels sur lesquels il repose. Ces procédés, qu’on oublie si volontiers d’ordinaire devant une statue ou un tableau pour n’y chercher que l’expression de la beauté, appellent ici une attention particulière, et l’on s’exposerait à mal comprendre les monumens de bronze, si l’on n’était préparé à faire la part du fondeur aussi bien que celle de l’artiste. C’est ce caractère particulier de l’un des arts les plus anciens du monde qu’il y aurait utilité à indiquer. L’histoire des procédés est dans une telle étude la meilleure préparation à l’histoire des œuvres. Observé dans le double domaine de la matière et de l’invention, l’art des bronzes offre dans son passé même les bases d’un jugement équitable sur sa situation présente.

I.

On comprend généralement sous le nom de bronze ou d’airain un alliage de cuivre et d’étain. Cependant cette définition n’est guère exacte que pour le composé destiné aux bouches à feu, car le bronze, dans ses autres applications, notamment dans la fabrication des objets d’art, est un alliage quaternaire, contenant à la fois