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survenir, combien il serait avantageux au public que, parmi les divers groupes ou factions qui se formeraient, il y en eût une attachée du moins aux principes de la liberté. ».


Les événement marchèrent. Un message inopiné du roi vint, le 8 mars 1803, avertir les chambres des armemens maritimes de la France, et la guerre parut imminente. Cependant Fox ne crut pas ni qu’on dût renoncer à l’espoir de l’éviter, ni que l’approche du danger dût ramener Pitt au pouvoir, il le trouvait trop isolé, et sans alliance il le jugeait insignifiant. Il imagina de proposer un recours à la médiation de la Russie, et cette proposition fut bien accueillie du ministère ; mais quand il fallût voter sur le renouvellement des hostilités, Pitt et les Grenville passèrent du côté des ministres et Fox resta dans une minorité de 67 voix. Alors les Grenville proposèrent contre le cabinet une déclaration de non-confiance ; mais Pitt se sépara d’eux et demanda l’ordre du jour, pour lequel il n’obtint, par l’abstention des whigs, que 56 voix contre 333, et il quitta la chambre. Le vote de non-confiance fut ensuite rejeté par 279 membres contre 34, les whigs, contre l’avis de Fox, ayant continué de ne pas voter. Tel était donc le chiffre de chaque opposition : Pitt, 56 ; Grenville, 34, et Fox, 67 ; tout le reste était aux ministres, c’est-à-dire au roi. Cependant le discours de Fox sur la médiation de la Russie est, au dire de ses adversaires, un des plus beaux qu’il ait prononcés. Voici comme il s’en explique :


« Je n’ai pu résister à la curiosité de rester pour entendre Pitt sur la dernière question (le vote de défiance ). Il a été pour le fond et la forme aussi mauvais que l’aurait pu désirer son plus grand ennemi, et Hawkesbury (plus tard lord Liverpool) lui a répondu extraordinairement bien, montrant à la fois un juste esprit de résistance et une juste émotion d’être forcé à résister ainsi à un ancien ami. C’est de beaucoup le meilleur discours qu’il ait jamais fait. Celui de Pitt, le premier jour, sur la réponse au message, a été fort admiré et très justemént. Je pense que c’est le meilleur qu’il ait jamais fait dans ce style ; Le contraste entre la réception de ce discours et celle du dernier est peut-être le plus frappant qu’on ait vu. J’imagine que vous avez entendu assez de puffs au sujet de mon discours sur l’adresse ainsi je n’ai pas besoin d’y venir ajouter mon obole ; mais la vérité est que ç’a été mon meilleur. »


Hors des chambres, à Londres du moins, tout était à la guerre. Fox se flattait que les comtés seraient moins belliqueux ; mais en tous cas il fallait songer à un plan de défense, à un budget de la guerre ; on disait que la France menaçait d’une invasion. Alors se manifesta l’insuffisance du cabinet. Les Grenville prirent contre lui tous leurs avantages. Windham se distingua par des vues sur l’organisation militaire du pays qui frappèrent Fox et qu’il ne pouvait s’empêcher de préférer à celles du ministère. Conduit ainsi par le