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IV. - DE LA MALADIE. – CONCLUSION.

Il est dans cette chimie organique deux grands phénomènes, qui, placés pour ainsi dire sur la limite de la vie, peuvent par cela même servir à mieux déterminer cette limite : ce sont la putréfaction et la fermentation. Quand des substances qui ont été vivantes se trouvent soumises à un degré convenable de chaleur et d’humidité, elles sont bientôt saisies d’un mouvement intestin, qui, tout en donnant des émanations odieuses et souvent malfaisantes, tout en étalant à l’œil humain un repoussant spectacle, accomplit l’office incessant de dissocier les élémens organiques et de les rendre à la terre, à l’air et à l’eau. De même encore, si à ces substances qui ont été vivantes on mêle un ferment, vous les verrez reprendre une sorte de vie, s’échauffer, fumer, bouillir et développer des produits spéciaux, tels que le vin, des acides, etc. Remarquez-le, ces substances, qui tombent si facilement sous l’empire de la putréfaction et de la fermentation, n’y sont aucunement sujettes tant qu’elles font partie du corps vivant, où cependant existent et la chaleur et l’humidité nécessaires. Toutefois il arrivera, dans des cas où la vie aura reçu quelque atteinte menaçante, où se sera introduit dans ses profondeurs quelque principe délétère, que, sa force se relâchant, les liquides et les solides auront tendance, sinon à se corrompre et à fermenter, du moins à s’altérer, à se gâter de proche en proche, et finalement dans leur masse, comme il arrive justement dans la fermentation et la putréfaction. Ces lièvres de mauvaise nature, connues sous les noms de typhus, de fièvre typhoïde, de variole, de peste, n’ont pas d’autre origine, et alors, chose digne de toute l’attention, une quantité très petite de matière altérée, putride, virulente, une simple particule suffit pour communiquer ces graves affections, graves par cela surtout qu’elles sont, suivant le langage des médecins, générales, c’est-à-dire que ces matières altérées, putrides, virulentes, ont la funeste vertu de susciter dans les parties vivantes un état semblable au leur, ou, si l’on veut, que les parties vivantes ne sont pas douées de manière à résister à cette action funeste. Sous cette influence à laquelle ils répondent chacun à sa façon, les principes immédiats changent dans leur constitution, et partout leurs propriétés se modifient, — modifications qui, sous un autre nom, sont les symptômes. Ainsi se propage la morve chevaline de cheval à cheval, de cheval à homme, et d’homme à homme ; ainsi se prend la rage par la salive empoisonnée du chien malade ; ainsi s’inocule le bienfaisant vaccin qui substitue une affection bénigne à la redoutable variole ;