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agréables à l’œil. C’est ainsi que l’illumination aux bougies : ou aux petits becs-de gaz à nu est infiniment plus favorable à l’éclat des diamans que l’illumination par des lampes ou becs de gaz entourés de gros globes de verre dépoli. Il y a quelques années, c’était la mode (qui peut-être subsiste encore) pour les dames parées qui assistaient à l’Opéra d’aller pendant l’entr’acte prendre des glaces dans les salons de Tortoni. La pièce d’entrée, sans doute pour éviter l’effet du vent, était éclairée par des lampes à globe; la seconde l’était par un lustre à bougies. Or, en suivant de l’œil la marche d’une dame couverte de diamans et passant d’une pièce à l’autre, il se faisait à l’entrée de la pièce illuminée par des bougies une radiation telle que l’œil le plus distrait en eût été frappé, et l’on a pu entendre plus d’une fois une exclamation d’étonnement à la vue d’un : effet si inattendu. Ajoutons que, dans les soirées de contrat où l’on expose l’écrin de la fiancée à la curiosité du public, on met souvent deux grosses lampes pour éclairer la table sur laquelle est posé cet écrin. C’est une maladresse. Faites apporter deux candélabres de quatre ou cinq bougies chacun, et vous changerez comme par magie l’effet des diamans, dont l’ensemble fera tout de suite ce qu’on appelle parterre ou corbeille de fleurs.

Lorsque j’ai été invité à voir des collections d’amateur qui renfermaient un beau diamant princier (au-dessus de 10 carats), je me suis donné souvent le plaisir de lui faire produire tous ses feux en allumant devant une glace posée sur une cheminée de marbre huit ou seize bougies. Le reflet de la glace doublait le nombre des bougies; alors, en tournant le dos à la glace et tenant le diamant à la hauteur de la tête, en face de l’œil, on obtenait, en le secouant haut et bas et le faisant miroiter, des effets ravissans et tout à fait inconnus au propriétaire. Si ce bel effet eût été connu du prince Potemkin, qui jouissait en sybarite de la société de ses beaux diamans, avec lesquels, dit-on, il se délassait des ennuis de la grandeur, je ne doute pas qu’il n’eût encore obtenu plus de plaisir de sa contemplation favorite. Je ne pense pas apprendre quelque chose aux dames qui tiennent à faire briller leurs riches parures en leur conseillant de donner la préférence aux salles illuminées par des lustres à bougies. Bans les vastes appartemens des Tuileries, rien n’est plus facile à remarquer que le désavantage des diamans dans celles des salles qui sont illuminées par des globes dépolis. La marche, la danse et tous les mouvemens du corps, quelque légers qu’ils soient, sont aussi très favorables au jeu des feux de cette belle et précieuse gemme.

On a remarqué que le prix des diamans est resté à peu près invariable depuis plusieurs siècles. Le diamant parfait pesant un carat