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DES INTÉRÊTS
DU NORD SCANDINAVE
DANS LA GUERRE D’ORIENT



I.
RAPPORTS DE LA SUÈDE ET DE LA RUSSIE DEPUIS LA MORT DE CHARLES XII.





Les états scandinaves sont restés jusqu’à ce jour simples spectateurs du débat qui agite l’Europe. Quelle est la raison de cette attitude ? Quels sont les vrais intérêts de ces pays dans la crise orientale ? C’est une question que nous voudrions essayer de résoudre en interrogeant à la fois l’histoire et la situation présente des états scandinaves. Pour bien comprendre cette situation, il faut considérer les périls qui menacent le Danemark et la Suède, placés entre la Russie et l’Angleterre. Si d’une part l’on se rappelle la conquête des provinces suédoises de la Baltique et de la Finlande, de l’autre les bombardemens de Copenhague en 1801 et 1807, on ne se sent pas disposé à reprocher aux états du nord de l’Europe l’attitude qu’ils ont prise pendant la première année de la guerre d’Orient; on est tenté plutôt, à ce qu’il semble, de trouver une certaine hardiesse dans la proclamation toute spontanée de leur entière neutralité. La Russie demandait que la Baltique fût fermée aux navires alliés; elle aurait voulu tout au moins que ces navires ne trouvassent point d’asile dans les ports suédois ou danois : la déclaration de neutralité, telle qu’elle a été proclamée, n’a pas été moins qu’un