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vraies notions générales qui pouvaient ramener tout cela à un certain nombre de lois !

En même temps que nous touchons aux bases de l’anatomie générale, nous touchons aussi aux limites mêmes de la chimie. En effet, nous sommes en présence de gaz, de sels, de substances qui s’associent et se dissocient. C’est là le domaine de la chimie ; elle seule nous apprend à reconnaître ceux de ces corps qui sont simples, à séparer les élémens de ceux qui sont composés, et à distinguer comment ils se composent en se combinant et se décombinant. Les contacts sont donc évidens ; la coopération de la chimie est indispensable, et si, quand il s’agira de tracer les limites de cette coopération, elle prétend s’arroger la plus grosse part, qui ne comprend ce qui a rendu ses prétentions naturelles et ce qui soulève un important débat de méthode et de philosophie ? Qui ne voit en même temps que ce conflit provient de la marche des choses, conflit aussi inévitable aujourd’hui qu’il fut impossible jadis ? C’est à ce point de vue que l’on aperçoit dans tout leur jour ce que je nomme les connexions et, si l’on veut, les incompatibilités historiques. Ainsi la chimie et la biologie ne pouvaient avoir une véritable rencontre qu’au moment où, d’une part, la chimie serait devenue assez habile pour isoler les corps composans, et où d’autre part la biologie aurait séparé les élémens des corps organisés. Les deux opérations ont marché l’une vers l’autre ; d’âge en âge, elles se rapprochent, et on peut compter sur l’une ou sur l’autre les étapes qui se font. Quand définitivement elles viennent au contact, c’est là véritablement une grande époque pour le développement scientifique. En effet, la science positive avait eu jusqu’alors deux tronçons, l’un, le plus considérable et le plus cohérent, composé de la mathématique et de ce qu’on appelle sciences inorganiques, l’autre, plus court et plus rudimentaire, formé du domaine organique. On sent combien cette disjonction jetait d’incertitude dans l’esprit humain, et combien il gagna de consistance à la supprimer. La série devint immédiatement linéaire, c’est-à-dire unique de double qu’elle était, et la biologie, se superposa aux sciences antécédentes, comme leur suite aussi bien historique que dogmatique.

En suivant du regard la décomposition successive opérée par les anatomistes, on trouve d’abord le corps, ensemble très complexe qui se présente le premier à l’étude. Puis viennent les appareils ; ce sont des mécanismes qui ont pour but d’accomplir une fonction. Tel est l’appareil respiratoire, qui exécute la fonction de respiration et qui comprend les poumons, les bronches, les muscles inspirateurs et expirateurs, la portion du système nerveux qui l’anime ; ou bien l’appareil circulatoire, qui pourvoit au mouvement des liquidas et qui est formé du cœur, des artères, des veines, etc. Les appareils à leur