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parties générales auxquelles nous sommes arrivés, élémens végétatif, musculaire et nerveux, il est un intervalle qui doit être comblé pour que l’on puisse définitivement poser le problème de la nutrition, et par suite celui de la maladie. Les intermédiaires cherchés sont les principes immédiats, nommés principes parce qu’ils sont les parties constituantes de l’organisme, et immédiats parce que c’est sous leur forme propre et en nature qu’on les y rencontre. MM. Robin et Verdeil les définissent : « derniers corps constituant ou ayant constitué l’organisme auxquels on puisse, par l’analyse anatomique, ramener la substance organisée, et qu’on ne peut subdiviser davantage en plusieurs sortes de matières sans décomposition chimique. » Les principes immédiats sont fort nombreux, surtout si, ne se bornant pas aux animaux, on rassemble ceux des végétaux, ce qu’il faudra bien faire quand on voudra avoir une anatomie générale véritablement complète. Les deux auteurs du Traité de Chimie anatomique en nomment quatre-vingt-seize ; ils remarquent qu’ils sont au nombre de quatre-vingt-cinq ou quatre-vingt-dix dans le corps humain, et de quatre-vingt-dix ou cent, en considérant l’ensemble des mammifères. Ils ajoutent que ce nombre ne peut pas être fixé d’une manière absolue présentement, pour deux raisons, d’abord parce qu’on en découvrira quelques-uns de plus dans des résidus ou extraits encore imparfaitement analysés, puis parce que, entre les corps décrits comme principes immédiats, il en est quelques-uns dont l’existence est douteuse. Je ne transcrirai pas la liste donnée par MM. Robin et Verdeil, je dirai seulement que les uns sont une substance organisée, par exemple la fibrine qui se trouve dans le sang, l’albumine qui se trouve dans le blanc d’oeuf et les sérosités ; que d’autres sont des sels, par exemple le phosphate de chaux, qui donne aux os leur solidité ; que d’autres enfin sont des gaz, par exemple l’oxygène, qui circule dans le sang.

Nous voilà parvenus aux bases mêmes de l’anatomie générale. C’est une longue course à travers le temps, mais c’est aussi une longue course à travers les choses. Il faut remonter jusqu’aux premiers temps de la culture scientifique chez les Grecs pour rencontrer les rudimens de la recherche biologique. Le temps s’écoule et les résultats s’amassent lentement, de sorte que vingt-cinq siècles environ nous séparent de l’origine ; mais aussi combien le commencement de la route était loin du terme actuel ! combien de difficultés l’embarrassaient ! Il fallait de toute nécessité aller du composé au simple, et quel composé ! la vie sous toutes ses formes végétales et animales ! l’organisme et toutes ses parties ! Quel amas de faits particuliers ! et quand ces faits particuliers eurent été suffisamment étudiés et reconnus, quel effort de systématisation pour y saisir les