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de le déclarer roi. Tite-Live entre dans tous les détails de cette curieuse inauguration étrusque de la royauté sabine.

Ainsi, sous Numa comme sous Romulus, se montre déjà l’action du sacerdoce de l’Étrurie sur les premiers commencemens de la société romaine. Dès le principe, on peut définir les Romains des paysans disciplinés par des prêtres. Nous n’avons pu demander aux monumens la preuve de ce fait important, l’influence de l’Étrurie sur Rome naissante, parce que les monumens n’existent pas encore; mais la disposition des lieux, les noms, la forme, la relation des sept collines nous ont fourni d’assez curieux enseignemens. Quand les monumens seront venus, ils confirmeront ce que les indices topographiques nous ont porté à affirmer par avance. Nous allons rencontrer en effet les ouvrages encore subsistans de la période des rois, et ces grands ouvrages, les plus anciens, à quelques égards les plus remarquables des Romains, nous feront, pour ainsi dire, toucher au doigt cette vérité, que Rome, sous la domination de rois venus d’Étrurie, après avoir été soumise à l’empire des Sabins, subit l’influence des Étrusques. Cette influence a été affirmée et contestée tour à tour. Je ne veux point l’exagérer; mais quand nous n’aurions pas pour l’établir les témoignages de l’histoire et les monumens dont je parlerai bientôt, le fait seul de l’extrême proximité d’un empire civilisé et d’une chétive bourgade, asile d’une population à demi barbare, suffirait pour démontrer qu’il a dû en être ainsi. Or le sentiment de cette proximité est bien vif à Rome, où chaque jour, quand on passe le pont Saint-Ange ou la barque de Ripetta pour aller à Saint-Pierre, on va en Étrurie, où une course du matin vous conduit à Veies, l’une des douze grandes cités de la confédération étrusque. A Rome, une promenade est une révélation de l’histoire.


J.-J. AMPERE.