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plus épais, plus dense, que l’on se rapproche davantage de la terre, parce qu’il est comprimé par les couches supérieures ; plus on s’élève au contraire, plus il est dilaté, et, à une certaine hauteur, on s’aperçoit de cette raréfaction par une grande gêne dans la respiration. Le baromètre, instrument qui sert à mesurer le poids de l’atmosphère, et non, comme un ancien préjugé le persuade à quelques agriculteurs, à annoncer la pluie ou le beau temps, confirme cette impression des sens. On sait, par exemple, qu’à seize kilomètres au-dessus de la terre, la densité de l’air est environ huit fois moindre qu’au niveau des mers. Si la matière est divisible à l’infini, cette dilatation n’a pas de limite. Plus on s’élèvera, plus l’air sera raréfié, il est vrai, mais jamais on ne pourra arriver à un point privé d’atmosphère, car l’air se dilatera à l’infini, et s’étendra sans terme dans les espaces célestes. Si au contraire la divisibilité des corps est limitée, l’écartement des atomes pourra être très considérable, mais il aura une limite ; à une certaine distance, un équilibre s’établira entre la terre et les atomes les plus éloignés ; l’attraction exercée sur eux suffira à les retenir, et l’atmosphère ne s’étendra pas indéfiniment. Dans le premier cas, les astres seront enveloppés chacun d’une atmosphère semblable à la nôtre, et plus ou moins épaisse, Suivant qu’ils exerceront sur elle une attraction plus ou moins considérable. On sait d’ailleurs que cette attraction dépend de leur masse. Pour résoudre le problème de la divisibilité, il semble donc suffisant d’observer si le soleil, la lune, les étoiles, sont environnés d’air, ce qui paraît praticable, car tous les milieux transparens possèdent la propriété de réfracter les rayons de lumière, c’est-à-dire de les dévier de leur direction, et de faire paraître les objets dans une position différente de celle Qu’ils occupent en réalité. Cette recherche cependant offre des difficultés. La lune étant beaucoup plus petite que la terre, son attraction doit être bien plus faible, et son atmosphère, en supposant qu’elle en ait une, bien moins épaisse. On a calculé que cette atmosphère serait égale en densité à celle qui doit se trouver à deux mille lieues de notre globe, et serait trop dilatée pour être appréciée par les instrumens dont l’astronomie dispose. Si l’on s’adresse au soleil, on rencontre l’inconvénient contraire. La masse de cet astre est si considérable, et l’attraction qu’il exerce est telle que l’atmosphère attirée autour de lui aurait une densité égale à celle des métaux les plus pesans. Pour trouver un air analogue au nôtre en densité, le calcul enseigne qu’il faut se placer à une distance du soleil égale à 575 fois le rayon terrestre, c’est-à-dire à 800,000 lieues environ. C’est à peu près à cette distance que passent Mercure et Vénus derrière cet astre. Les rayons qu’ils nous envoient doivent donc traverser cette atmosphère, si elle existe, et leur position apparente doit en être sensiblement affectée. Vidal de Toulouse en 1805 et Wollaston