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DE L'ETAT


DE L'OPINION PUBLIQUE


SUR LA REVOLUTION DE 1789.




Etudes sur le Gouvernement représentatif, par M. De Carné[1]





J’ai toujours porté quelque envie aux hommes qui ont adopté et qui professent des opinions extrêmes. Dans des temps d’incertitude comme les nôtres, rien, ce semble, ne doit être si commode : rien n’épargne autant de doutes et de scrupules. Quand on a le bonheur de posséder, soit en philosophie, soit en politique, un système bien absolu dont ont suit sans sourciller toutes les conséquences, quand on se croit parfaitement certain de tenir la vérité tout entière sans restriction comme sans mélange ; quand, par suite, on est amené à se persuader que toute autre manière de voir ne peut provenir que d’une incorrigible extravagance ou d’un mensonge intéressé, on doit puiser dans cette satisfaction de soi-même et ce dédain d’autrui un très grand repos d’esprit. Des gens ainsi faits ont trouvé le moyen de se placer véritablement au-dessus des coups du sort comme des angoisses de la conscience. Tout événement les confirme dans leur sentiment, aussi bien le triomphe que l’échec de leur parti. Ils tiennent toujours au service de tous les faits une interprétation toute prête. Quand la fortune des révolutions leur est contraire, elle n’est

  1. 2 vol. in-8o, librairie Didier, quai des Augustins, 35.