Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un célèbre chimiste, M. Liebig, a publié à peu près sous ce titre des Lettres où, avec la plénitude de son savoir, il expose les services que la chimie rend à la physiologie. Ce n’est pas l’objet que je me propose ici : mon but est d’examiner quelles sont les limites entre la chimie et la biologie, entre la science des actions moléculaires et celle de l’organisation vivante. Les terres debatables, pour me servir de l’expression que le grand romancier de l’Ecosse a rendue familière même aux oreilles françaises, ne se trouvent pas seulement aux frontières entre deux états, elles se trouvent aussi aux frontières entre deux sciences. La chimie s’occupe des combinaisons qui s’opèrent entre les substances. Or la vie elle-même est une combinaison et décombinaison perpétuelle, combinaison des substances qui entrent, décombinaison des substances qui sortent. Pourquoi donc la chimie n’entreprendrait-elle pas de résoudre ce problème que la nature lui offre, et de le donner tout résolu aux biologistes qui le poursuivent, aux médecins qui voient que tant de maladies sont une perturbation de cette combinaison et décombinaison ?

Les débats sur la méthode ne sont jamais des débats oiseux. Quiconque réfléchira sentira promptement que rien n’est plus important et n’a une plus durable influence que tout ce qui touche aux