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Et plus haut, par-dessus la riante couronne
Et la blonde vapeur qui toujours l’environne.
Dans toute sa puissance et son éternité
Sans voiles apparaît l’auguste Trinité. »

Celle de qui la voix s’élève comme une hymne,
La Vierge parle ainsi, puis de sa main divine
Elle vous montre à vous qui ne parlez qu’en vers,
Le beau temple romain, temple de l’univers.
Saluez les trois sœurs, savantes interprètes,
Et marchons vers Saint-Pierre, ô bardes, ô prophètes !…
Arcades, triple nef et dôme radieux,
Tombeaux des confesseurs qui remplacez les dieux,
Chaire antique, salut ! Des quatre points du monde
L’homme ici vient prier ; l’âme la plus immonde,
Y lave sa souillure, et les plus innocents
Sortent fortifiés par l’huile et par l’encens :
Autel patriarcal, sur tes marches augustes
Donne à tous ces chanteurs un sens droit, des cœurs justes,
Des esprits aisément ouverte à la beauté
Pour faire aimer le bien avec la vérité,
Et rends forts, au milieu des obstacles vulgaires,
Ces apôtres de l’art, ces doux missionnaires !

Et toi, l’espoir de tous, élève de mon choix,
Que j’ai conduit rêveur sous l’ombrage des bois,
Plongé dans la cité, bouillonnante fournaise,
Et que j’amène au temple où le trouble s’apaise,
Initié sans mal en tout temps, en tout lieu,
Toi qui sais la Nature, et l’Âme humaine, et Dieu,
Désormais appuyé sur ta force secrète,
Jeune homme, va chanter ! Dieu te sacre poète.

A. Brizeux