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ASTRONOMIE SPECULATIVE





DE LA PLURALITE DES MONCES.



I. -Of the Plurality of Worlds, an Essay ; London, J. W, Paker, 1853.

II. — More Worlds than one, by sir David Brewster ; Loudon, John Murray, 1854





C’est une idée fort ancienne que la terre n’est pas le seul monde habité. Tout le monde connaît cette prétendue exclamation d’Alexandre, qui, apprenant l’existence de populations autres que celle de notre globe, s’écria : » Ah ! malheureux ! je ne puis les conquérir ! » Juvénal cite très sérieusement cette anecdote : « Un monde seul, dit-il, ne suffit pas à l’ambition du jeune conquérant macédonien. Le malheureux ! Il étouffe dans les étroites limites du monde, comme s’il était confiné sur les écueils de Gyare ou dans la petite île de Sériphe. »

Unus Pellœo juveni non sufficit orbis ;
AEstuat infelix augusto in limine mundi
Ut Gyarae clausus scopulis, parvâque Seripho.

Plusieurs auteurs ont même dit que c’étaient les habitans de la lune que menaçait l’humeur belliqueuse du disciple d’Aristote. Au reste, s’il n’y avait pas d’hommes dans la lune, il est certain qu’il y avait des lions, puisque celui de Némée, s’étant trop approché du bord de cet astre, avait perdu pied et avait sauté dans le Péloponèse, où il fut tué par Hercule.

Revenant à l’antiquité, nous ferons observer qu’il est facile d’y faire remonter toute idée spéculative. L’imagination va toujours plus