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par le concile de Nicée. Le pape saint Léon pose la grande règle canonique : « celui qui doit commander à tous doit être élu par tous. » Un autre pape, Hormisdas, reconnaît dans l’acclamation des peuples le jugement de Dieu, ut in gravi murmure populorum divinum credatur esse judicium. Des traces de la discipline apostolique subsistèrent longtemps en France. On trouve jusque dans le XIIe siècle des exemples de la commune participation du clergé et du peuple aux élections. Déjà cependant on les voyait envahies de toutes parts. Sous prétexte de protéger les canons, les rois usurpaient une influence de plus en plus considérable. La noblesse et surtout, les grands feudataires empiétaient à leur suite. Enfin les papes, dont la prérogative auguste consiste principalement à défendre partout le droit commun, visaient à devenir les seuls électeurs du monde catholique. Au milieu de la lutte des ambitions rivales, et par suite de la perpétuelle tendance des institutions civiles et ecclésiastiques à se mettre en harmonie entre elles, l’église de France passe à ce qu’on peut appeler son régime féodal. Le rôle influent appartient aux chapitres, où dominait la noblesse, et où quelquefois elle avait seule droit d’entrer. Là se concentrent les élections. Ce régime est consacré par la pragmatique-sanction de saint Louis et par celle de Bourges. Ce n’est plus la première vigueur de la liberté ecclésiastique. Cependant, grâce à la vertu que conserve toujours le principe électif, les pragmatiques donnèrent un clergé national, uni avec les populations, et en qui se développa une forte sève. Ce sont les temps les plus florissans de la Sorbonne, ceux des Gerson, des d’Ailly, ceux de la renaissance de l’église à Constance et à Bâle, renaissance qui précède celle des lettres.

Lorsqu’à cette liberté privilégiée l’accord des papes et des rois voulut substituer le pouvoir absolu, ce fut une résistance unanime, universelle. Les anciens papes s’étaient honorés en combattant pour les droits de l’église contre les envahissemens de l’autorité impériale. En Orient, le deuxième concile de Nicée et le quatrième de Constantinople avaient porté des décrets pour modérer l’influence des princes dans les élections. Les papes du XVIe siècle aimèrent mieux se liguer avec les rois pour dépouiller à la fois les chapitres, tout le clergé et le peuple. Préparé par Pie II, l’ancien secrétaire du