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DE


L’ISTHME DE SUEZ


ET DU CANAL MARITIME A OUVRIR


DE LA MÉDITERRANÉE A LA MER-ROUGE





El mundo es poco. — Ce monde n’est pas grand.

(Christophe Colomb.)


La Méditerranée, par son allongement de l’est à l’ouest entre les 30e et 45e degrés de latitude, place sous le ciel le plus doux de la terre une étendue de trois mille lieues de côtes; l’Espagne, l’Italie, la Grèce, l’Asie Mineure, projettent leurs masses péninsulaires au travers de ses eaux parsemées d’îles, dont quelques-unes ont été des royaumes. Elle a pour tributaires l’Èbre, le Rhône, le Pô, le Danube, le Dniester, le Borysthène, le Don, le Nil, et vingt autres fleuves célèbres par la richesse des contrées qu’ils arrosent ou par les événemens qui se sont accomplis sur leurs bords. Valence, Barcelone, Marseille, Toulon, Gênes, Livourne, Naples, Païenne, Venise, Trieste, Athènes, Constantinople, Smyrne, Alexandrie, Alger, sont les joyaux de sa ceinture. Ces rivages heureux ont été le berceau de la civilisation; ils l’ont vu passer de l’Egypte à la Grèce, de la Grèce à l’Italie, de l’Italie à la France et à l’Espagne, et l’Occident la ramène aujourd’hui aux lieux dont il l’a lui-même reçue. Les plus grands chefs-d’œuvre de l’esprit humain dans les arts, dans les sciences et dans les lettres ont été enfantés autour de la Méditerranée; son histoire est celle du passé dans ce qu’il a de plus glorieux, et le présent nous montre les plus grands intérêts politiques, militaires et commerciaux du globe entier gravitant vers elle. La pente qui les y