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du genre de mort de Tullus Hostilius, tué sur le mont Aventin, toujours mont fatal, par la foudre qu’il avait voulu attirer. Tout le monde sait que l’art fulgural faisait partie de la science sacrée des prêtres étrusques. Quand on voit qu’ils ne prétendaient pas seulement interpréter la foudre, mais encore la dégager des nuages (elicere fulmen), on est conduit à penser qu’ils étaient arrivés, par des études entreprises dans une pensée religieuse, à découvrir quelques-unes des propriétés de l’électricité, et savaient la faire descendre des nuages en l’attirant par une sorte de paratonnerre. On comprend alors comment Tullus Hostilius, voulant pratiquer un art réservé aux prêtres de sa nation, et qui ne devait s’exercer que dans un lieu de favorable augure, comme le Palatin ou le Capitole, serait allé tenter cette imitation sacrilège sur la cime néfaste de l’Aventin, où il aurait péri victime de son ignorance et de sa témérité. Il aurait manqué son expérience, et eût été tué comme Franklin lui-même faillit l’être en faisant les siennes. Cette fin conviendrait à un chef étrusque, de même que l’architecture de la prison Mamertine. J’attribuerais aussi plus volontiers la construction de cet horrible cachot à un cruel lucumon d’Étrurie, capable de faire écarteler Mutins Fetius pour avoir hésité, pendant un combat, entre les Romains et leurs ennemis, qu’au roi sabin Ancus Martius, duquel l’histoire ne raconte rien qui sente la barbarie, et qu’elle présente comme un autre Numa.

Le combat des Horaces et des Curiaces eut lieu sous le règne de Tullus Hostilius, que Corneille appelle le roi Tulle, comme, selon l’usage de son temps, il appelle Brutus Brute et Crassus Crasse. Sur la voie Appia, à cinq milles de Rome, environ à mi-chemin d’Albe et de Rome, est un pré avec un vieux mur d’enceinte que l’on montre comme le théâtre du combat célèbre. Rien ne prouve la vérité de cette indication. On ne voit pas ce que ce mur a pu avoir à faire avec les Horaces, mais il est ancien et pourrait remonter à l’époque de l’événement. Tout près sont deux grands tombeaux formés d’un tertre ayant pour base un soubassement composé de gros blocs et d’un appareil très semblable à l’appareil des murs étrusques. Ces deux tombeaux rappellent des monumens funèbres qu’on voit dans plusieurs nécropoles d’Étrurie, notamment à Tarquinie et à Cœre. Il n’est donc pas impossible que ce soient véritablement les tombeaux des Horaces. Ils se trouvent à la distance de Rome où les place Tite-Live : seulement, selon cet historien, ils devraient être à gauche de la route, et ils sont à droite; mais ce déplacement peut tenir à une distraction de l’historien, qui en a eu bien d’autres. Quoi qu’il en soit, la rencontre célèbre, si elle a eu lieu, a eu lieu de ce côté. On peut se représenter les combattans au milieu de cette plaine, à peu près à une égale distance des cités rivales. Les Romains sont sortis