dans toutes les passions révolutionnaires, un moment surexcitées. On peut se
souvenir de toutes les accusations dirigées, il y a quelques mois, contre la
reine Christine. Une commission des cortès a été saisie de tout ce qui concernait
l’ancienne régente. En définitive, que reste-t-il aujourd’hui de tout cela ?
Il n’en reste plus rien. Ce qu’il y a de plus singulier, c’est que le comité désigné
par les cortès, prenant sa mission au sérieux, a demandé au gouvernement
tous les documens relatifs à la reine Christine. Le gouvernement a répondu
qu’il n’en avait d’aucune espèce. La commission législative a parlé
plus haut, et alors le gouvernement a fait proposer par un de ses amis aux
cortès une motion tendant à lui donner un bill d’indemnité pour tout ce
qu’il a décidé dans l’affaire de l’éloignement de la reine Christine, ce qui a
eu lieu en effet. La vérité est qu’il n’y avait absolument aucune raison sérieuse,
autre que l’excitation populaire, pour motiver l’éloignement de la
mère de la reine. La mesure du 28 août, qui prescrivait son éloignement, ne
pouvait avoir d’autre but que d’enlever un aliment périlleux aux passions
publiques. C’était une mesure toute politique. On voit à quoi se réduisent
le plus souvent ces tempêtes révolutionnaires. Malheureusement un pays
souffre longtemps de toutes ces violences et de toutes ces contradictions au
sem desquelles il vit. L’Espagne n’a eu qu’une bonne fortune depuis quelque
temps. Elle a vu partir M. Soulé, qui a été remplacé à Madrid comme ministre
des États-Unis. Hélas ! voilà donc à quoi se réduit, elle aussi, la grande mission
de M. Soulé ! Il venait en Europe pour délivrer les peuples opprimés en
général et l’Ile de Cuba en particulier. Il a bien fait ce qu’il a pu, et plus
d’une fois on a remarqué sa trace dans les événemens révolutionnaires de
Madrid. Il n’a pourtant pas été plus heureux avec le nouveau gouvernement
qu’avec l’ancien, et sa destinée diplomatique finit, s’il faut le dire, assez peu
glorieusement. Le cabinet de Washington a senti lui-même que les services
de son ministre en Espagne ne pouvaient qu’être compromettans. Les conférences
qui eurent lieu il y a quelques mois à Ostende entre les divers représentans
de l’Union américaine en Europe n’ont pas peu servi sans doute
à ouvrir les yeux du général Pierce. Par le fait, la présence de M. Soulé à
Madrid n’aurait eu désormais d’autre résultat que d’aigrir les rapports des
deux pays et de retarder l’aplanissement des différends qui se sont élevés l’an
dernier. Cela est si vrai qu’on parle déjà d’une solution amiable de ces difficultés,
depuis que M. Soulé a quitté l’Espagne. L’ancien ministre américain
aura la consolation de recommencer ses discours sur la délivrance des
peuples.
ch. de mazade.
V. de Mars.