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l’autre sans transparence. Une de ces turquoises provient des dents de mastodonte colorées par le cuivre en vert céladon. C’est un véritable ivoire fossile. L’autre espèce de turquoise est minérale et du même vert bleuâtre que la première. Celle-ci est assez recherchée et arrive à une quarantaine de francs le carat. La turquoise est parfaitement imitée au moyen de la porcelaine colorée de la même teinte. Peut-on appeler pierre gemme une pierre sans transparence et sans dureté ? C’est plutôt une espèce d’émail naturel. Nous avons aussi omis le feldspath, qui contient un principe alcalin et qui donne des pierres ayant un éclat gras et nacré, mais sans couleurs. Cependant, lorsque le feldspath offre un fond jaune d’or parsemé de points rougeâtres, on le taille en une gemme peu commune aujourd’hui et presque tout à fait oubliée : c’est l’aventurine.

Après avoir considéré dans la nature les minéraux cristallisés que l’on taille en gemmes, on doit être tenté de les imiter par des opérations chimiques. Il ne s’agit pas ici de colorer artificiellement des pâtes vitreuses en rouge et en bleu pour en faire de faux rubis et de faux saphirs, industrie de bas étage. Il s’agit de reproduire dans le laboratoire les opérations de la nature, en les variant même et les complétant, et de faire de vraies pierres précieuses comme on a déjà essayé de faire de vrai diamant. J’ai déjà dit qu’Ebelmen, à Sèvres, avait fait cristalliser l’alumine et la silice en vrai spinelle. M. Despretz, dans les expériences où il a volatilisé le charbon et le diamant et fait avec ce dernier de vrai crayon noir marquant parfaitement sur le papier, a facilement fondu l’alumine et la silice. Il a ainsi obtenu de ces substances de petites boules creuses tapissées intérieurement. de cristaux, comme les cavités ou géodes qui dans les montagnes contiennent les cristaux de diverses sortes. Dans toutes les expériences de M. Despretz, les feux épouvantables qu’il a produits au moyen de l’électricité n’ont jamais fait que décristalliser le diamant pour en faire du carbone, sans apparence de cristallisation ainsi opérée. Il en résulte ce fait géologique très important, que le diamant, que la nature ne nous offre jamais en place, n’a point dû sa naissance à un phénomène igné. Son origine est probablement électrique; mais où était-il à l’époque des premières transformations, et quand sa cristallisation a-t-elle eu lieu ?

Suivant l’idée de M. Boutigny, le charbon de terre provient des pluies d’hydrogène uni au carbone qui durent arroser la terre lorsqu’elle était encore assez échauffée pour ne pas permettre à l’eau de tomber en pluie ordinaire. M. Boutigny tire de là une théorie des dépôts houillers, mais il n’a pas encore passé à la cristallisation du carbone. J’ai déjà dit que le soufre et le charbon unis ensemble donnent un liquide aussi blanc et aussi transparent que l’eau pure ou